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un manuel plus complet et plus instructif, un guide plus sûr et mieux informé.

tableau de l’histoire générale de l’europe, depuis 1814 jusqu’en 1830[1].

C’est une critique exigeante au-delà de ses droits que celle qui prétend, au lieu de juger un livre, le refaire et le reconstruire de fond en comble sur un nouveau plan. M. Édouard Alletz nous présente le sien comme un simple résumé de faits et une analyse de documens publics. Ce sont uniquement les actes des cabinets, les opérations de guerre et les stipulations des traités qu’il s’est proposé de classer à leur date et par époques. Il faut reconnaître qu’il s’est consciencieusement acquitté de cette tâche aride et ingrate, et si nous trouvons quelque chose à blâmer de son ouvrage, ce n’en sera guère que le titre. Ce titre promet en effet beaucoup trop, car l’avant-propos qui le suit se charge d’abord de le démentir ; ce n’est point le tableau de l’histoire de la restauration, c’en est simplement la table des matières raisonnée que M. Édouard Alletz a voulu faire, et il n’a pas effectivement fait autre chose.

Cette table est au moins excellente. Les faits y sont rappelés avec ordre, précision et exactitude, et en même temps avec l’étendue convenable. Leur division est lucidement tracée.

Qui écrira maintenant l’histoire de ces seize années dont M. Alletz nous a donné une si juste analyse ? Ce sera, certes, un digne monument à élever ! Mais M. Alletz qui en a rassemblé laborieusement les matériaux, se bornera-t-il à cet humble travail ? N’aura-t-il donc pas l’ambition d’être lui-même l’architecte ?


Des devoirs des hommes, par Silvio Pellico[2]. — C’est un livre qui vient bien après celui des prisons, — le mie Prigioni, — que ce traité des devoirs de Silvio Pellico, car il y avait mis une digne préface dans le récit de ses souffrances si chrétiennement patientes durant les dix années de sa captivité. Vous qui voulez que le prédicateur vous prêche aussi d’exemple, vous ne récuserez pas au moins celui-ci. Oui, sa parole est dure et sévère ! C’est bien toute l’inflexibilité du devoir que vous prescrit ce moraliste inexorable. Ce n’est pas lui qui veut des accommodemens avec le ciel. Son évangile est plus rigoureux peut-être que celui de Jésus-Christ. Écoutez-le pourtant avec respect, et si vous n’acceptez point toute la rigueur de ses principes, si vous jugez que la leçon ne vaut rien pour le

  1. Chez Vimont, 95, rue de Richelieu.
  2. Un vol.  in-8o, chez Fournier, 14, rue de Seine.