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LETTRES
D’UN
VOYAGEUR.


ii.[1]


Je t’ai raconté bien des fois un rêve que je fais souvent et qui m’a toujours laissé, après le réveil, une impression de bonheur et de mélancolie. Au commencement de ce rêve, je me vois assis sur une rive déserte, et une barque, pleine d’amis qui chantent des airs délicieux, vient à moi sur le fleuve rapide. Ils m’appellent, ils me tendent les bras, et je m’élance avec eux dans la barque. Ils me disent : « Nous allons à… (ils nomment un pays inconnu), hâtons-nous d’arriver. On laisse les instrumens, on interrompt les chants. Chacun prend la rame. Nous abordons… à quelle rive enchantée ? Il me serait impossible de la décrire ; mais je l’ai vue vingt fois, je la connais ; elle doit exister quelque part sur la terre ou dans quelqu’une de ces planètes dont tu aimes à contempler la pâle lumière dans les bois au coucher de la lune. — Nous sautons à terre ; nous nous élan-

  1. Voyez la première lettre, livraison du 15 mai 1834.