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REVUE. — CHRONIQUE.

aussi son premier résultat a-t-il été la pacification de la Péninsule et la fin surtout des affaires du Portugal.

Nous avons vu un officier récemment arrivé du théâtre de la guerre, et qui a quitté don Miguel quelques jours avant la capitulation d’Elvas. Cet officier appartient à l’état-major de ce prince, et son témoignage est oculaire, quoiqu’un peu suspect de partialité.

Voici comment il a résumé la position militaire et politique des deux camps : il y avait long-temps que tout ce qui avait quelque portée dans l’esprit s’apercevait qu’une capitulation serait l’immanquable résultat des opérations militaires. L’armée de don Pedro était composée de régimens étrangers durs à la fatigue ; on citait particulièrement les deux régimens irlandais, arrivés depuis huit mois, et qui, par leur bonne discipline, leur sang-froid au combat, avaient décidé bien des affaires ; les troupes de don Miguel étaient un ramassis de fortes guérillas sans officiers capables, tous besoigneux et faciles à corrompre.

Autour de cette royauté déchue se pressaient mille intrigues. Don Miguel obéissait à une camarilla d’intérieur ; il paraissait rarement en face de son armée, à la différence de son frère don Pedro, brave de sa personne, et qui allait au feu sans baisser la tête. C’est à la suite d’une de ces jalousies de camarilla que M. de Bourmont et ses officiers avaient quitté l’armée.

Il paraît que l’affaire de don Miguel s’était à la fin transformée en une question d’argent. L’Angleterre en fait une des bases de sa diplomatie, et depuis quelque temps cet exemple est suivi. Nous savons bien que les vaincus crient toujours à la trahison ; les Miguélistes soutiennent que des corps entiers ont été achetés avec les guinées transformées en quadruples dans le Portugal. L’armée, si indisciplinée, si désordonnée, de don Miguel, s’était jusqu’à présent soutenue, parce qu’elle avait un régiment de cavalerie parfaitement monté ; son artillerie de campagne était assez bien servie ; quand don Pedro a pu avoir également de la cavalerie et quelques régimens exercés à la baïonnette, les escadrons de don Miguel ont cessé de refouler des masses entières de Pédristes. Il y a dans le Portugais quelques souvenirs du moyen âge ; la cavalerie, sans être bardée de fer, inspire un sentiment de terreur à l’homme qui combat à pied. Il a fallu les braves Irlandais, les baïonnettes serrées pour en finir.

Don Miguel manifeste le désir d’aller vivre en Autriche ; le prince a déjà vu Vienne ; il y est demeuré quelque temps après sa révolte contre son père, don Juan vi. Il trouvera réunis en Autriche de vieux souvenirs et même de plus douces affections, s’il faut en croire les chroniques scandaleuses des Tuileries. M. de Metternich n’est pas fâché de garder tous les