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HOMMES D’ÉTAT DE L’ANGLETERRE.

permanence ne s’occupa plus que de détruire ou de balancer du moins l’influence protestante, et de servir les intérêts du parti catholique.

L’association, dans son état le plus florissant, se composait de trois mille membres qui représentaient plus de cinq cent mille constituans. Les contributions volontaires, qui se continuent encore aujourd’hui, leur fournirent les fonds nécessaires. Des percepteurs furent établis dans chaque paroisse ; des prêtres reçurent les offrandes volontaires qui furent déposées dans leurs chapelles ; on inscrivit les noms de ceux qui refusaient de contribuer, et un système de terreur s’établit, d’autant plus formidable qu’il était vague. Point de menaces, point de vengeance apparente ; mais dans un pays tel que l’Irlande, c’était beaucoup de voir son nom inscrit parmi ceux des ennemis de l’association catholique ; dans un pays où l’idée de la patrie et celle du catholicisme s’identifient complètement, où quiconque s’expose à l’impopularité perd caste, s’isole de ses frères et n’a plus ni crédit, ni réputation, ni moyen de fortune, ni sûreté personnelle. Cet impôt prélevé par sommes minimes s’éleva bientôt à cinquante mille livres sterling par an. Avec cette somme, peu considérable en apparence, on paya les frais de tous les procès suscités par le gouvernement, on défraya les dépenses de la société.

L’association montrait surtout beaucoup de zèle apparent pour accomplir une bonne œuvre, fort difficile à opérer, pour éteindre les dissensions intestines auxquelles se livraient les paysans. On croit en général que cette population bizarre est dans un état constant de rébellion contre le gouvernement britannique ; mais dans le fait, c’est contre ses riches voisins qu’elle s’insurge, ce sont eux qu’elle attaque. Les neuf dixièmes de cette nation misérable et trop nombreuse tirent de la culture de la terre leur unique revenu. Le sol est morcelé et loué très cher à une multitude de petits fermiers qui le cultivent mal et en retirent peu de bénéfice. Plus la population s’accroît, plus ses moyens de subsistance s’appauvrissent ; la lutte devient terrible. Une concurrence perpétuelle donne à chaque lot de terre exploitable une valeur imaginaire et absurde. Le paysan irlandais, toujours imprévoyant, borne à l’année présente le soin de pourvoir à sa subsistance, et à celle de sa famille. Il promet de payer un fermage qui excède de