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LE SOUPER CHEZ LE COMMANDEUR.

Le Commandeur.

Viens, don Juan !


L’enclos du commandeur. — Toutes les statues sur leurs piédestaux.
Première statue.

Avouez que c’était un magnifique enjeu,
Anna contre don Juan ; la partie était belle,
Et long-temps a penché pour l’archange rebelle.
Elle est gagnée enfin et tout retourne à Dieu.

Deuxième statue.

L’enfer pleure et gémit, le ciel est calme et bleu,
La terre se réveille, et la troupe fidèle
Chante son hosannah ! Satan, à tire d’aile,
Regagne tout confus ses royaumes de feu.

Troisième statue.

Comme il va se venger sur sa triste famille !
Comme il va séparer la mère de la fille,
Le frère de la sœur, la femme de l’époux !

Quatrième statue.

Que d’ames vont se fondre en pleurs intarissables !

Cinquième statue.

Oui, le joueur qui perd rend les siens responsables.

Sixième statue.

Compagnons de Satan, trois fois malheur à vous !


Don Juan et le commandeur sortent du sépulcre.
Don Juan.

Salut, terre ! salut ! comme te voilà fraîche et renouvelée ! comme tes vallons aspirent la vie à pleins calices, comme ta belle gorge frissonne, ondule et palpite sous sa triple ceinture de par-