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REVUE DE VOYAGES.

nir, etc., vaste travail où des coupes et des profils nombreux représentent à l’œil, dans un ordre lumineux, chaque système de montagnes, avec ses groupes secondaires, ses rameaux, ses points culminans, etc.

Pacho, dans son exploration du pays de Barqah (en suivant une route qui côtoie la mer depuis Alexandrie jusqu’à El-Agedâbiah, se dirige ensuite sur Aougelah, pousse une reconnaissance à l’ouest jusqu’à Maradeh, et revient vers l’Égypte par Mogabérah et Syouah), a laissé bien loin derrière lui les aperçus superficiels de Della Cella, les notices incomplètes du père Pacifique et de Cervelli, et les fragmens épistolaires de Hornemann.

Il serait superflu d’insister sur l’importance du voyage de Caillié à Ten-Boktoue, de rappeler cette volonté ardente, cette ténacité inébranlable qui a conduit un jeune homme sans fortune, sans protecteurs, au terme d’une expédition dans laquelle tant de martyrs de la science ont succombé. Jetez seulement les yeux sur une carte, et vous verrez qu’entre le point de départ et celui d’arrivée de cet immense itinéraire presque tout était inconnu.

Non contente de distribuer des récompenses aux voyageurs et aux géographes qui accomplissent des découvertes désignées d’avance par elle, la Société de géographie décerne chaque année un prix à la découverte la plus importante exécutée dans cet intervalle, et des prix secondaires aux travaux d’un moindre intérêt, quel que soit le théâtre de l’exploration. C’est ainsi que pour 1828 la veuve de Gordon Laing, mort au désert près de Ten-Boktoue, a été appelée à partager ce prix annuel avec Caillié ; que, pour l’année précédente, le capitaine Franklin l’avait obtenu à raison de son exploration des côtes arctiques américaines entrevues par Hearne et Mackenzie ; qu’à défaut de découvertes effectuées en 1829, le capitaine de frégate Graah, de la marine danoise, reçut une médaille pour son relèvement de la côte orientale du Groënland ; qu’enfin, l’année d’après, ce prix fut accordé à l’auteur d’un voyage au Congo et dans l’Afrique équinoxiale.

Ce voyage a fait trop de bruit, a donné lieu à trop grand scandale pour que nous n’en parlions point ici avec quelque détail. Il nous suffira, pour poser en ses véritables termes la question scientifique à laquelle on a cru intéressée la dignité de la Société de géographie, de rapporter simplement les faits.

Le 17 mars 1826, un voyageur près de partir pour l’Amérique du sud fut inscrit au nombre des membres souscripteurs de la Société. Le 1er décembre de la même année, il rendait compte de son arrivée à Buenos-Ayres, qu’il croyait alors avoir visité huit ans auparavant ; il annonçait