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LE CHEVALIER DU COUËDIC.

La ville entière fut en mouvement quand Du Couëdic débarqua pour être transporté dans sa maison. Les officiers du régiment d’Austrasie se présentèrent aussitôt en corps pour lui offrir leurs félicitations ; il en fut de même des autorités civiles. La porte de son appartement fut pendant plusieurs jours assaillie d’une foule de visiteurs, dont les médecins et les chirurgiens eurent souvent bien de la peine à repousser l’empressement. Au dehors, les manifestations de l’opinion publique ne furent pas moins flatteuses pour l’équipage et le commandant de la Surveillante, moins unanimes, moins spontanées. Le comte de Durfort, lieutenant-général, gouverneur de Saint-Malo, écrivait à Du Couëdic : « La nation, monsieur, vous doit de l’admiration ; le roi aussi, et de plus de l’amitié. Henri iv n’était-il pas l’ami des braves de son temps ? » C’était deviner les sentimens de Louis xvi ; imitant le noble exemple de son aïeul, le roi fit écrire en son nom à Du Couëdic pour le féliciter de sa belle conduite. Le ministre ajoutait de sa main : « Ne vous occupez, monsieur, que de votre santé ; jouissez de la gloire que vous avez acquise. Le roi veut avoir de vos nouvelles. » Eu égard à l’époque où tout cela arrivait, certes il devait y avoir dans ces témoignages unanimes d’intérêt et d’admiration quelque chose de flatteur et d’enivrant. Mais ce qui se passa à Quimperlé, ville natale de Du Couëdic, au sujet de son combat et de ses blessures, le toucha peut-être plus vivement encore, du moins nous aimons à le croire. Sur le bruit de l’évènement, le conseil municipal s’assembla au son des cloches, pour délibérer sur ce qu’il était à propos de faire ; et là, le maire remontra à la communauté « que la gloire acquise par le chevalier Du Couëdic faisait un honneur infini à la Bretagne, et particulièrement à la ville de Quimperlé, comme ayant l’avantage de lui avoir donné le jour ; que la France entière prenait part à sa gloire et à son accident. » — Il se hâta de conclure « qu’il serait à propos de lui faire sur le tout, et au nom de la communauté, un compliment d’autant plus flatteur qu’il serait général et unanime. » Nous avons cité les propres expressions de cette délibération, inscrite dans les registres municipaux sous la date du 17 septembre 1779.

Des grâces de tout genre furent promptement accordées par la