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LITTÉRATURE ET PHILOSOPHIE MÊLÉES.

précis par la polémique de la presse ou de la tribune. Je concevrais très bien qu’un esprit élevé eût le caprice de ramasser parmi les débris des querelles parlementaires un problème oublié et qui ne méritait pas de l’être, et qu’il se dévouât à l’élucidation laborieuse et patiente de toutes les faces diverses que ce problème peut présenter à la réflexion. Je concevrais très bien qu’il donnât à un thème déjà connu une valeur dialectique ou littéraire capable d’en assurer la durée. L’art d’écrire et la logique ont le privilége de rajeunir et de renouveler les choses les plus vieilles ; mais ici, rien de pareil. {{MM.{Carrel}} et Châtelain ont vingt fois posé, vingt fois résolu les questions soulevées par M. Hugo dans le Journal d’un révolutionnaire. Chacune de ces pensées inscrites jour par jour aurait tout au plus valu la peine d’être consultée, si l’auteur ne se fût laissé devancer par la presse, et s’il avait eu le courage de les approfondir pour les éclairer. Telles qu’elles sont, je n’en sais pas une qui mérite les honneurs de la publication.

J’éprouve le besoin de transcrire quelques-unes de ces pensées, afin que le public décide par lui-même de la justesse et de l’opportunité de mes critiques :

« Août 1830. Tout ce que nous voyons maintenant, c’est une aurore. Rien n’y manque, pas même le coq. »

Que signifie ce puéril rapprochement ? Est-ce une mauvaise plaisanterie ? est-ce une idée sérieuse ? est-il possible de deviner l’intention cachée, je veux bien le croire, sous ce frivole entassement d’images ?

« Pour beaucoup de raisonneurs à froid qui font après coup la théorie de la terreur, 95 a été une amputation brutale, mais nécessaire. Robespierre est un Dupuytren politique. Ce que nous appelons la guillotine n’est qu’un bistouri.

« C’est possible. Mais il faut désormais que les maux de la société soient traités, non par le bistouri, mais par la lente et graduelle purification du sang, par la résorption prudente des humeurs extravasées, par la saine alimentation, par l’exercice des forces et des facultés, et par le bon régime. Ne nous adressons plus au chirurgien, mais au médecin. »

La première partie de cette pensée se trouve exprimée en termes beaucoup plus intelligibles dans la préface des Études historiques