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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.
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31 mars 1834.


L’adoption de la loi contre les associations change complètement la situation du gouvernement et du ministère. Dans un temps passablement agité, M. Périer avait déclaré que la charte et les lois existantes lui semblaient devoir suffire à maintenir l’ordre en France, et il avait basé le principe de son administration sur la légalité. M. Viennet n’avait pas encore découvert, en ce temps-là, que la légalité nous tue, et ses amis n’avaient pas imaginé que rien n’est plus à redouter pour un pouvoir qu’un pays dont la surface est parfaitement tranquille. La marche du ministère de M. Périer était bien tracée. Combattre avec énergie tous les ennemis de l’ordre établi, éluder, retarder les promesses de la révolution, se servir de tous les moyens dilatoires que lui fournissaient les quarante mille lois de la république, de la monarchie et de l’empire, pour lutter contre l’extension donnée à la charte ; en un mot, retenir, retenir sans cesse, mais par les voies légales seulement, et ne se mettre jamais dans la position d’être accusé d’avoir changé les conditions de gouvernement établies en 1830. Le ministère qui a succédé à M. Périer, et qui se faisait gloire, ostensiblement du moins, d’avoir adopté les mêmes principes, après s’en être écarté peu à peu, mais d’une manière encore timide, par quelques mesures de police et d’administration, et par la présentation de la loi des crieurs, vient de s’engager avec éclat dans une autre voie. La loi contre les associations équivaut à une déclaration nouvelle de principes, et la