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REVUE DE VOYAGES.

qu’elles étaient lors de la guerre de Jugurtha. Répandus le long du petit Atlas, depuis Tunis jusque dans le royaume de Maroc, ils ont résisté à tous les efforts qu’ont faits les Romains, et après eux les Turcs pour les dompter. Ces derniers même les redoutaient tellement que jamais ils n’osaient les poursuivre dans les montagnes. De nos jours encore leurs habitations dispersées par petits groupes isolés dans les montagnes, leur vie demi-pastorole, demi-agricole, leur industrie assez avancée, leur manière de faire la guerre, et leur indomptable esprit de rapine, sont absolument les mêmes qu’il y a deux mille ans.

Les Berbères forment, en un mot, le peuple le plus tranché de tous ceux qui habitent la Régence, et celui qui opposera le plus d’obstacles à la colonisation. Les Maures, qui composent la majeure partie de la population, étant restés dès l’origine sur les bords de la mer, tandis que les Berbères s’étaient retirés dans l’intérieur, ont des mœurs plus douces, et se sont laissé subjuguer par les divers conquérans qui ont paru dans le nord de l’Afrique. Leur race primitive s’est altérée par des alliances, non-seulement avec leurs vainqueurs, mais encore avec les Européens qui venaient s’établir dans le pays, et qui, après avoir embrassé l’islamisme, épousaient toujours des Mauresques. Il n’existe plus qu’un petit nombre de familles qui, étant restées pures de tout mélange, ont conservé leur type originel. M. Rozet affirme qu’il ne faut pas compter sur les hommes de cette race pour la colonisation du pays ; il les peint comme ayant tous les vices des Berbères, sans posséder leur activité, leur courage et leur hospitalité ; en un mot, sans industrie ni aucune bonne qualité quelconque ; nous prenons simplement note, en ce moment, de cette assertion sur laquelle nous aurons occasion de revenir en parlant du plan proposé par M. Rozet pour coloniser la Régence.

Les Nègres y jouent le même rôle que partout ailleurs, hors de leur patrie. Amenés du centre de l’Afrique par les caravanes, depuis un temps immémorial, ils sont assez nombreux, et ceux qui sont esclaves jouissent, en général, d’un sort assez doux sous leurs maîtres auxquels ils sont très attachés : les autres qui sont libres, s’adonnent à la culture ou exercent en ville différens métiers.

En parlant des Arabes, les derniers conquérans de l’Afrique