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deux ou trois mois d’absence. Mieux que cela ; nous avons sous les yeux le récit d’un digne gentleman qui, ayant couru la poste en Hollande et en Belgique pendant dix-sept jours, vient de donner au public, à cette occasion, un volume de grosseur raisonnable, fort instructif, du reste, sur les filles d’auberge et les chevaux de poste. La plus grande partie de ce fatras reste heureusement dans le pays pour la consommation locale, et les voyages qui nous arrivent d’Angleterre sont ordinairement de quelque valeur. C’est ainsi que dans ces derniers temps nous en avons reçu un assez grand nombre sur la plupart desquels nous allons jeter en ce moment un simple coup-d’œil, nous proposant d’y revenir plus tard.

Le plus important est celui du capitaine Owen[1] qui a paru à Londres au mois de juin dernier, et qui contient les résultats d’une exploration de quatre années (1821-1826) sur les côtes de l’Afrique orientale, depuis la baie de Delagoa jusqu’en Arabie, à Madagascar, aux Seychelles, etc. Les lords de l’Amirauté, par ordre desquels cette expédition a eu lieu, sentant tous les dangers d’une pareille entreprise, principalement sous le rapport du climat, avaient mis à la disposition du capitaine Owen des moyens plus étendus qu’ils n’ont coutume de le faire en pareil cas. À la corvette la Leven, qu’il commandait, avaient été adjoints deux petits navires, le Barracouta et l’Albatros, qui ont été d’un grand secours pour pénétrer dans l’intérieur des rivières ; on lui avait donné en outre deux naturalistes pour faire des observations scientifiques, accessoire dont il faut savoir gré à l’amirauté anglaise, qui ne montre pas à cet égard le même esprit libéral que le gouvernement français. Malheureusement les prévisions de l’amirauté se sont réalisées : les deux naturalistes sont morts dans le cours de la campagne, et avec eux trente-cinq officiers et plus de cent matelots. Ce fait seul pourra donner une idée des dangers de cette expédition, qui, du reste, est une des plus belles dont puisse se glorifier la marine anglaise de notre époque. Les travaux du capitaine Owen et de ses compagnons prendront place à côté de ceux de Flinders et de King.

Immédiatement à la suite de ce voyage doit se placer, sous le

  1. Captain Owen’s Narrative of voyages undertaken to explore the shores of Africa, Arabia and Madagascar, 2 vol.