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COSMOGRAPHIE.

qu’ils croyaient telle qu’elle nous paraît à la vue ; d’où il suit nécessairement qu’ils jugeaient ces deux astres très voisins de la terre. Plusieurs critiques ont essayé d’interpréter cette opinion des épicuriens dans un sens qui leur fît un peu plus d’honneur ; mais les paroles des anciens sont si formelles, qu’il n’y a pas moyen d’admettre aucune de ces interprétations bienveillantes.

Cosmas et les autres docteurs chrétiens partisans de son opinion ne manquaient pas, comme on voit, d’autorités à l’appui de leur système. Ils pouvaient à l’envi puiser dans toutes ces hypothèses où se perdit l’imagination des Grecs avant de s’élever à l’idée de la sphéricité de la terre. Cette idée fut admise d’abord par les pythagoriciens, et elle naquit dans leur école, moins de l’observation des phénomènes dont ils ne s’occupaient guère, que de leurs vues toutes spéculatives sur la perfection de la figure sphérique. La rondeur de la terre fut bientôt admise dans les écoles de Zénon et de Platon, et elle commença dès-lors à se répandre parmi les physiciens. Elle mit enfin un terme à leur longue perplexité sur le maintien de l’équilibre de la terre. Aristote a caractérisé la vanité de toutes leurs hypothèses par cette phrase : « On pourrait s’étonner de ce que les solutions de cette difficulté n’aient pas paru à leurs auteurs plus inexplicables que la difficulté elle-même[1]. »


CONCLUSION.

Telles sont les principales idées cosmographiques que les Pères de l’Église ont tirées de l’interprétation littérale de la Bible. La terre plate, le ciel formant une voûte solide au-dessus de laquelle est la couche des eaux célestes, voilà les notions fondamentales de la cosmographie biblique, et celles que les saints Pères y ont vues, parce qu’elles y sont réellement. Pour expliquer ces notions si

  1. De cœlo, ii, 13, p. 467. A.