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qu’à lui ; or le système sur le mouvement du ciel et des astres en est une conséquence inévitable. C’est donc là une combinaison sortie tout entière d’un cerveau grec. Le mont Méru des Indiens, le mont Abordj des Parses, n’ont rien à y réclamer ; la symbolique de l’Orient est encore ici hors de cause. Anaximène, contemporain de Xénophane, et selon quelques-uns son disciple, adopta cette idée sur le mouvement des astres, quoiqu’il n’en eût pas besoin pour son système sur l’immobilité de la terre. Comme lui, il crut que la terre est terminée au nord par des montagnes élevées ; que les astres tournent autour d’elle et non pas au-dessous[1]. Il comparait le mouvement de la voûte céleste à un bonnet qu’on ferait tourner autour de la tête ; et, selon lui, s’ils disparaissent journellement à nos yeux, c’est qu’ils vont se cacher derrière les parties hautes de la terre[2]. C’est là fort exactement le système de Xénophane ; c’est également celui de Cosmas. Et ces expressions ne permettent pas de croire qu’elle ait été bornée à l’école de Xénophane et d’Anaximène, qui n’eut ni une grande durée ni une grande étendue. Elle a dû faire partie de la doctrine physique de plusieurs des sectes anciennes. Festus Aviénus, poète érudit, qui a fait passer dans ses vers une multitude de notions et d’idées anciennes prises chez les poètes et chez les philosophes, parle de cette antique doctrine sur le cours des astres… non eum (solem) occasu premit, nullos subire gurgites, nunquam occuli, sed obire mundum, obliqua cœli currere… ; et il l’attribue aux épicuriens : scis nam fuisse ejusmodi sententiam epicureorum[3].

C’est le seul témoignage qui nous instruise de ce point particulier de la doctrine des épicuriens. Mais il n’a rien que de vraisemblable d’après les autres points connus de leur physique, qui était le comble de l’absurde ; il suffit de citer pour exemple leur opinion bien avérée[4] sur la grandeur du soleil et de la lune,

  1. Stob., Eclog. i, p. 511, ed. Heer. — Pseudo-Plut. plac. phil. ii, 15, 2.
  2. Diog. Laert. viii, 35.
  3. Or. marit. 645. Sq.Ap. Poet. lat. min. t. v, part. 2. p. 1283. Wernsd.
  4. Cic. Acad. ii, 26. — Fin. i, 6, ibi Dav. — Cleomed. , 1. ibique Bake, p. 389.