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COSMOGRAPHIE.

du système cosmologique de Philolaüs, on voit que ce philosophe donnait le nom d’Olympe à l’extrémité supérieure de l’univers, composée de feu, comme le centre de cet univers[1]. C’est, je pense, en partant de cette idée de Philolaüs, que certains commentateurs d’Homère, au rapport de Plutarque, prétendaient, d’après un vers de l’Iliade[2], que ce poète admettait la division de l’univers, en cinq parties ou mondes[3], savoir : l’Olympe, le ciel, l’air, l’eau, la terre, cette dernière occupant la partie inférieure, tandis que l’Olympe était situé à la partie supérieure : là, comme dans le système de Philolaüs, selon ces commentateurs, l’Olympe était évidemment la matière éthérée. C’est à cette division de l’univers en cinq parties que saint Basile fait allusion dans un passage de son Hexaemeron[4]. D’autres, confondant le ciel et l’éther, n’admirent que quatre parties, l’éther, l’air, l’eau et la terre[5] ; et l’on voit, par un passage d’Achilles Tatius, que les trois premières parties étaient censées former des sphères concentriques, qui enveloppaient celle de la terre[6].

Il est possible que l’interprétation citée par Plutarque appartienne à quelque pythagoricien, qui aura voulu expliquer Homère par les doctrines de l’école ; il paraît en effet, et cette application du nom de l’Olympe en est elle-même une preuve, que les pythagoriciens ont cherché, de fort bonne heure, à rattacher leurs systèmes sur la physique du monde aux traditions poétiques et religieuses. Ainsi, Philolaüs supposait que le centre du monde était occupé par le feu, autour duquel tournaient dix corps, savoir : le ciel étoilé, les cinq planètes, le soleil, la lune, la terre et l’antichthone, ou terre opposée, qui leur servait à expliquer les éclipses, système qui, pour le rappeler en passant, n’a rien de commun avec celui de Copernic, quoi qu’en aient dit Brucker, Bailly, Mon-

  1. Boeckh, ouvrage cité, p. 99.
  2. xv. 192.
  3. De def. orac. p. 422. — T. vii, p. 666. Reiske. Je corrige une transposition qui a eu lieu dans ce texte.
  4. Hexaem. Homil. i, ii, p. 10. E.
  5.  Ap. S. August. de civit. Dei, vii, 6, p. 630.
  6. Ach. Tat. Isag. § 21, p. 142. C.