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anges[1], qui ne s’élèvent jamais plus haut[2]. La seconde s’étend depuis le firmament jusqu’à la voûte supérieure qui couronne et termine le monde. Sur le firmament reposent les eaux du ciel : au-delà de ces eaux se trouve le royaume des cieux, où Jésus-Christ a été admis le premier, frayant la route de vie à tous les chrétiens[3].

Après avoir fait de l’univers un grand coffre divisé en deux compartimens, il restait à expliquer les phénomènes célestes, tels que la succession des jours et des nuits, et les vicissitudes des saisons.

Voici l’explication orthodoxe de Cosmas. Il considère la terre, ou cette table oblongue circonscrite par de hautes murailles, comme divisée en trois parties : 1o la terre habitable, qui en occupe le milieu ; 2o l’océan, qui environne cette terre de toutes parts ; 3o une autre, qui entoure l’océan, terminée elle-même par ces hautes murailles sur lesquelles vient s’appuyer le firmament. Chacune de ces divisions pourrait être l’objet d’un examen particulier. Je ne m’occupe ici que de l’ensemble. Or, selon lui, la terre habitable va toujours en s’élevant du midi au nord, en sorte que les contrées australes sont beaucoup plus basses que les boréales. C’est pour cela, nous dit-il, que le Tigre et l’Euphrate, qui coulent du nord au sud, ont un cours plus rapide que le Nil, qui va dans le sens contraire. Tout-à-fait au nord, il existe une grande montagne conique derrière laquelle se cachent le soleil, la lune et tous les astres, qui exécutent leur cours le long de la voûte céleste, et en dedans de ces hautes murailles qui circonscrivent la terre. Par leurs mouvemens obliques, ces astres ne passent jamais au-dessous de la terre ; ils ne font que tourner autour de la grande montagne qui les cache à notre vue. Selon que le soleil s’éloigne ou s’approche du nord, et conséquemment selon qu’il s’abaisse ou s’élève dans le ciel, il disparaît derrière la montagne en un point plus ou moins éloigné de sa base, et demeure éclipsé plus ou moins de temps : de là l’inégalité des jours et des nuits, et la vicissitude des saisons. Du reste, Cosmas admet que non-seulement le soleil et la lune, mais tous les astres, sont conduits, chacun par des

  1. Cosmas, p. 286, D.
  2. id. p. 313, E.
  3. id. p. 186, D.