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ADMINISTRATION FINANCIÈRE.

M. Gallatin estime que la totalité de la dépense des états et des charges locales ou municipales s’élève à 17,000,000 dollars, ou 92,140,000 francs.

C’est 1,044,804 fr. au-delà du chiffre qui résulte des recherches du secrétaire d’état. (Voyez le premier tableau.)

Si l’on ajoute à ces 92,140,000 fr. la somme du budget fédéral, y compris même le remboursement de la dette, on voit que M. Gallatin, consulté séparément et privé des renseignemens que M. Livingston pouvait obtenir dans l’exercice de ses hautes fonctions, confirme cependant toutes les données de cet écrit.

Il ne voudrait pas, il est vrai, que l’on comptât dans le budget américain ce qui est volontairement payé aux ministres des différens cultes, car, dit-il, avec beaucoup de vérité, ce n’est que par suite de l’habitude où l’on est en France de voir le clergé entretenu par le gouvernement, que l’on a pu considérer une semblable dépense aux États-Unis comme une taxe imposée aux habitans.

À son avis, le remboursement de la dette américaine est une charge temporaire qu’il faudrait aussi retrancher dans l’estimation du budget normal des États-Unis. MM. Livingston et Fenimore Cooper partagent cette opinion ; mais nous avons préféré ne pas nous y conformer dans nos calculs, afin de ne laisser à M. Saulnier aucune occasion de vaines controverses.

Il est tout simple que les correspondans du général Lafayette aient hésité à compter comme partie intégrante des dépenses habituelles de leur pays les 40 à 60,000,000 fr. que les États-Unis auront annuellement consacrés depuis l’avènement de Jefferson à la présidence jusqu’à l’année 1835 (pendant trente-cinq ans), à l’entière extinction d’une dette de plus de 860,000,000 fr., imposée par la guerre de l’indépendance et celle de 1812 à 1815. Ces énormes remboursemens, toujours opérés avec les excédans des recettes sur les dépenses, paraissent en effet une preuve de prospérité et de sagesse inouies, plutôt qu’une véritable aggravation des charges nationales. Les États-Unis sont, jusqu’à ce jour, le seul pays du monde qui soit ainsi parvenu, par la persévérance de sa bonne administration, et malgré dix années de guerres, à se libérer de ses dettes comme d’une taxe provisoire.

Comment comparer un si heureux emploi de ses excédans de