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LES


ROYAUTÉS LITTERAIRES.

LETTRE


À M. Victor Hugo.


i.


Depuis quelque temps, mon ami, la critique et la poésie sont divisées sur plusieurs questions. Le différend promettait d’abord de s’arranger à l’amiable. Mais la réflexion et l’invention, en cheminant chacune dans la voie qui leur appartient, se séparent de plus en plus. Si chacune des deux persistait dans cette mutuelle résistance, ce serait bientôt une hostilité irréconciliable. Heureusement, nous l’espérons du moins, le mal peut encore se réparer. La discussion ramenée à ses conditions les plus hautes et les plus vraies, à la franchise et au désintéressement, peut éclairer d’une commune lumière le public, la poésie et la critique.

Si quelques jeunes enthousiastes n’avaient pas eu la fantaisie singulière de fonder pour leurs adorations des royautés littéraires, inviolables, irresponsables, placées, à ce qu’ils disent, au-dessus de la discussion et de la réprimande, dédaigneuses du