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de Grammont, le cortége s’arrêta, et salua de ses acclamations le duc de F.-J., père d’un des acteurs de cette mascarade, et cette promenade politique s’acheva sans causer de trouble et sans exciter la curiosité du peuple qui ne semblait pas la comprendre. Il n’en fut pas ainsi d’un groupe inoffensif qui se tenait à une fenêtre de l’hôtel de Castille. Sur le cri à bas les carlistes, lancé on ne sait par qui dans la foule, l’escalier de l’hôtel fut envahi, et la multitude se mit en devoir d’enfoncer les portes de M. F… officier supérieur étranger de la plus haute distinction, chez qui se trouvait cette réunion. Elle se composait d’officiers, de gens de lettres, tous hommes d’esprit et de cœur, qui s’armèrent en un moment, et se disposaient à se défendre, lorsque la police, avertie à temps, prévint une collision qui eût été sanglante. Le fait est que cette réunion n’était pas plus carliste que beaucoup d’autres, et que l’opinion royaliste y comptait un ou deux représentans, comme en beaucoup de lieux. Un rédacteur du Journal des Débats, que l’épithète de malheureux roi donnée à Charles x sous la restauration a rendu célèbre, figurait parmi les prétendus carlistes ; un autre écrivain, qui a donné des preuves irrécusables de dévouement au gouvernement de Louis-Philippe, s’y trouvait également. On voit que les masques du phaéton ont montré un véritable courage ou plutôt une incroyable légèreté, en bravant une multitude si facile à irriter. Ce qu’il y a de fâcheux, c’est que les paisibles spectateurs de l’hôtel de Castille ont été cités en police correctionnelle, pour avoir troublé la tranquillité publique. Il est vrai que le bon peuple de Paris les eût assommés fort tranquillement.



F. BULOZ.