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ANCIENNE LITTÉRATURE ITALIENNE.

politique, sont V, les vivans, les bons, les gibelins ; à sa gauche, les morts +, les méchans, les guelfes. Dessous les vivans indiqués par un V, sont les morts + pour exprimer leur infériorité et leur punition ; et enfin l’X, qui se voit à l’angle opposé, est la date de l’année où Henri VII devait mettre son expédition en Italie à fin. Henricus vii, anno mcccx, expeditionem romanam indixit[1].

J’ai cru devoir m’arrêter tant soit peu sur les faits qui tendent à prouver l’usage que Dante et ses contemporains, gibelins comme lui, ont fait du langage apocalyptique, d’un argot de secte et de signes conventionnels. Parmi l’immense quantité d’exemples fournis par M. Rossetti, j’ai choisi ceux qui frappent davantage et qui paraissent le plus propres à donner le désir de s’assurer par soi-même de la solidité des raisons et du système du nouveau commentateur de Dante. Quoi qu’il en soit, et dans le cas même où les recherches de M. Rossetti, à ce sujet, ne dévoileraient pas suffisamment la vérité qu’il croit avoir démontrée, on peut assurer que rien n’est plus curieux et plus intéressant pour les personnes qui étudient le moyen âge, que le livre d’où j’ai tiré tous les détails que l’on vient de lire. En admettant même que le système de M. Rossetti soit entièrement erroné, je conseillerais encore d’en prendre connaissance. Il y a toujours à apprendre avec ceux qui se trompent de bonne foi. C’est aux théologiens scolastiques et à ceux qui cherchaient la pierre philosophale, que l’on doit la philosophie et la chimie telles qu’elles sont de nos jours.

Il n’y a pas un chapitre de cet ouvrage sur lequel on ne pût faire un volume intéressant. Tels sont ceux où l’auteur fait connaître l’allégorie principale de l’enfer, où il indique les auteurs qui ont eu les mêmes opinions et employé le même jargon que Dante, où il apprend ce que c’est que le Virgile acolyte de Dante, et tant d’autres choses mystérieuses et inexpliquées des écrits de ce grand poète. Mais il faut nous borner ; et tout en nous imposant des limites, peut-être serons-nous bien longs, car il nous reste encore des questions importantes à exposer.

L’une de celles qui, soit qu’on la considère isolément ou qu’on la rattache à la discussion littéraire relative aux écrits dantesques,

  1. Struvius, hist. germ., Pars ix, sect. 4.