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POÈTES ALLEMANDS.

i.


HENRI HEINE.


ire partie.


Dormez-vous, ou veillez-vous, ma sœur ? c’est ce que nous sommes toujours tentés en France de demander à l’Allemagne. S’est-elle assoupie cette fois pour cent ans dans sa forêt, cette belle au bois dormant, que personne n’en a plus de nouvelles ? n’a-t-elle plus de noms à nous apprendre, plus de rêves, plus de fantômes à ses balcons, plus de systèmes, plus de poèmes, plus de chants à murmurer à l’oreille de la vieille société qui se file son linceul ? Pendant que la France, cette bonne ouvrière, faisait sa rude tâche dans la paix et dans la guerre, sans prendre une heure de répit, pendant qu’elle élevait et renversait, et pétrissait son argile dans son sang et dans ses larmes, au loin, surtout en Allemagne, le chœur des poètes ne s’était jamais tu. Pour la désennuyer, il lui arrivait de loin à loin, à la fin de sa journée, une