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repoussant sujet, qu’on a regardé comme une inconvenance le rapport de M. Vatout contre le projet d’accorder des pensions à ces veuves. Il semblait que M. Vatout, en sa qualité de commensal du château, voulût faire passer dans les députés les sentimens de parcimonie de la cassette. Ne serait-il pas à propos de demander l’application au paiement des pensions de l’ancienne liste civile, des sept cent mille francs que la liste civile actuelle s’approprie induement sur le million affecté au duc d’Orléans, et qu’elle enfouit dans ses coffres ?

L’affaire de MM. Michel, Dupont et Pinard, interdits par la cour d’assises, pour avoir déclaré faux un acte d’accusation évidemment faux, a été appelée à la cour de cassation, devant laquelle les trois avocats s’étaient pourvus. M. Dupin, à qui la voix n’avait pas manqué pour redoubler d’interpellations et d’apostrophes à la chambre qu’il préside si singulièrement, avait ce jour-là un violent mal de gorge. Il n’a donc pas pu parler et nous dire son sentiment sur cette interdiction, que son ami et correspondant lord Brougham a traitée d’inouie et digne d’une nation sauvage. M. Dupin a du malheur. Une pareille indisposition nous a privés de son opinion sur la rétroactivité et l’état de siége, et le frêle état de sa santé, sa constitution si mince et si délicate, comme on sait, sèvreront encore bien souvent, en certaines circonstances, la cour de cassation de l’appui de sa belle parole. M. Dupin aurait besoin d’un ministère pour se reposer et se remettre de ses extinctions de voix. Encore quelques omissions forcées du genre de celles que nous signalons, et le ministère ne lui manquera pas. Il en sera parfaitement digne.

En attendant, M. Dupin donne des fêtes au palais de la présidence. Un avis inséré dans les journaux de ce jour avertissait les personnes invitées au bal de M. Dupin de présenter leurs lettres d’invitation, afin d’éviter la présence des intrus. Le mot est heureusement choisi. Il faut être en effet un intrus de la plus étrange espèce, pour aller se jeter dans la cohue grotesque que M. Dupin nomme son bal, sans y être invité, ou plutôt forcé.

Il n’en est pas ainsi des bals que donne le duc d’Orléans, et qui sont très brillans, dit-on. Toujours est-il qu’on n’y invite pas tous les fonctionnaires hauts et bas, par rang alphabétique, car un jeune ministre, très jaloux de se montrer partout, n’a pu obtenir la semaine passée, une invitation pour sa belle-mère. Nulle démarche n’a réussi, et le ministre a eu beaucoup de peine à faire comprendre à une vanité de femme blessée, que ce n’est pas là une question de cabinet et un motif suffisant de démission. Il paraît que la belle-mère du ministre voulait absolument faire passer le bal du duc d’Orléans pour un bal gouvernemental ; mais