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REVUE DES DEUX MONDES.

D’autres s’en vont craintifs, la rougeur sur le front,
Se reprochant la mort du moindre moucheron.
Vois donc, ô conscience, ô vierge sainte et pure !
D’un bien léger délit quelle large blessure ;
Faut-il s’en applaudir, faut-il plaindre son sort ?
Est-ce que l’innocent connaît seul le remord ?

iv.

Ceux qui sont purs de vice et de cupidité
Vivant dans la retraite et dans l’austérité,
Quand ils viennent un jour sur la place publique,
Satisfont par le fer leur amour politique.
Ceux-là qui sont plus doux n’ont pas d’autres vertus
Et sont tous courtisans du roi de l’or, Plutus.
Ils n’aiment pas le sang, ils ont de l’indulgence,
Mais comme dans un bois dévalisent la France.
Ne trouvera-t-on pas enfin, Dieu tout puissant,
Un homme qui n’ait soif ni de l’or ni du sang !

v.
Jésus aux nouveaux Pharisiens.


Lorsque les Séraphins, du haut du firmament,
Fixaient sur les humains leurs yeux de diamant,
Et pour me voir mourir, au sommet du Calvaire,
Sur les nuages d’or, se penchaient vers la terre,
J’espérais en mourant qu’au lointain avenir
Et la haine et la guerre un jour devaient finir ;
Car j’avais aboli les anciens sacrifices.
Le ciel ne voulait plus des boucs ni des génisses,
Et mon sang devait être, à vos sacrés autels,
Le dernier sang versé par la main des mortels.
Vous êtes revenus à la loi de Moïse ;
Vous avez mis du sang aux mains de mon Église ;