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MÉMOIRES


DE MIRABEAU.

ÉTUDE SUR MIRABEAU.
PAR M. VICTOR HUGO[1].

Ce qu’il y a d’excellent surtout, selon moi, aux vrais mémoires des vrais grands hommes, c’est que déjà connus par leurs œuvres publiques, par des actes ou des productions hors de ligne et qui resteraient des fruits mystérieux pour le gros du genre humain, ces hommes nous apparaissent dans leurs mémoires par leur lien réel avec la nature de tous. On avait leur cime, on jouissait de leur ombre, on recevait les fruits tombés des altiers rameaux ; mais l’arbre sacré était de l’autre côté du mur, dans un verger plus ou moins inconnu, et dont la superstition pouvait faire un Éden privilégié. La connaissance des vrais mémoires d’un grand homme, c’est la chute de ce mur de séparation, c’est la vue du héros, de l’orateur, du poète, non plus dans son unité apparente

  1. Chez Guyot, place du Louvre.