Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.
240
REVUE DES DEUX MONDES.

gène Burnouf sont les deux premières autorités de l’érudition européenne, en ce qui concerne la langue zende ; et ils ont l’un pour l’autre cette courtoisie bienveillante que se doivent mutuellement la patrie de Niebuhr et celle de Scaliger.


E. L.


À M. LE DIRECTEUR DE LA REVUE DES DEUX MONDES.


Monsieur,


C’est par erreur sans doute que vous avez avancé dans votre dernier Numéro, que M. Champollion le jeune m’avait précédé en Égypte, et s’y était rendu en 1818[1]. J’ai précédé M. Champollion à Thèbes, et je revenais de ce voyage qui avait pour but la possibilité de transporter l’obélisque de Louqsor en France, lorsque M. Champollion quittait Toulon en 1828 et non en 1818. C’est parce que j’avais déjà été en Égypte et proposé l’opération du transport des obélisques que je fus nommé commissaire du roi en Orient et membre d’une commission composée de MM. Alex. Delaborde, l’amiral Makau, le baron de Tupinier, conseiller d’état, le général Livron et M. Drovetti, ancien consul-général en Égypte ; cette commission était présidée par le ministre de la marine.

M. Champollion avait écrit depuis au ministre, mais ce ne fut point son projet qui fut accepté pour le transport de l’obélisque. Ce fut celui de M. Roland, inspecteur-général des ingénieurs de la marine, qui proposa de faire construire l’allège qui porte maintenant l’obélisque de Louqsor, et je fus chargé d’obtenir du pacha Méhémet-Ali la cession de ce monument pour la France, négociation relative aux arts, que j’ai eu le bonheur de conduire heureusement, puisque le résultat a permis à M. Lebas, ingénieur habile, d’embarquer, après des difficultés sans nombre, ce monument précieux, et à M. de Verninac, commandant le bâtiment qui devait porter ce monolithe, de déployer autant d’habileté que de persévérance.

M. Alex. Delaborde eut aussi la pensée, à son retour d’orient, de faire élever l’un des obélisques de Louqsor sur l’une des places de Paris ; il présenta à la commission un projet de M. le capitaine de vaisseau Besson, brave et digne officier français au service du vice-roi d’Égypte.

M. Champollion le jeune, qui le premier a traduit les hiéroglyphes qui couvrent l’obélisque, mérite d’ailleurs, par ses travaux archéologiques et ses découvertes sur les écritures des Égyptiens, la reconnaissance de l’Europe tout entière ; c’est une assez belle part de gloire et de renommée, pour que ses amis n’envient à personne le mérite d’une mission confiée à un homme qui compte quelques travaux dans les arts depuis vingt-cinq ans, et qui aime à rendre la plus éclatante justice au génie et aux immenses talens de M. Champollion.

Veuillez, monsieur, agréer les assurances des sentimens les plus distingués de votre très humble serviteur,


A. Taylor.
Ce 7 janvier 1834.

F. Buloz.
  1. C’est 1828 que nous avons voulu dire ; il s’est glissé une faute d’impression dans notre phrase. (N. du D.)