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LE MARQUIS DE SANTILLANE.

précieuse Collection de poésies castillanes antérieures au quinzième siècle, que la bibliothèque de l’église d’Oviédo possède un manuscrit de ce poème.

Les ouvrages imprimés sont au nombre de onze. À l’exception de la Lettre au connétable de Portugal et des Proverbes des vieilles femmes, ils sont tous en vers. En voici les titres : Mort de don Henri de Villena, seigneur docte et d’un excellent esprit. — Couplets sur la fièvre que le roi Jean ii eut à Valladolid. — Diverses demandes et réponses curieuses entre le marquis de Santillane et Jean de Mena. — Les Joies de Notre-Dame. — Le marquis de Santillane à Notre-Dame de Guadalupe quand il y alla en pélerinage. — Le Manuel des favoris. — Bias et la Fortune. — Supplique de don Gomez Manrique au magnifique seigneur marquis de Santillane, son oncle. — Proverbes que disent les vieilles femmes au coin du feu, mis dans l’ordre de l’A. B. C. à la demande du roi Jean ii. — Les Proverbes du marquis de Santillane. — Préface au connétable de Portugal. — La Mort de don Henri de Villena est un petit poème de vingt-deux octaves en vers de arte mayor, ou grands vers, dans lequel l’auteur pleure la mort du savant et célèbre marquis de Villena, dont il était en quelque sorte le disciple, et qui lui avait adressé sa poétique intitulée Gaya Sciencia (gaie science). Cet ouvrage de Santillane se trouve dans le Cancionero general. On y lit que Villena découvrit les profondeurs de la poésie[1]. Ce précurseur éclairé des poètes érudits du siècle de Jean ii brilla de tant de lumières aux yeux de ses contemporains éblouis, qu’ils l’accusèrent de magie. Il traduisit en castillan l’Énéide de Virgile, et ce fut, si je ne me trompe, la première traduction que les langues néo-latines essayèrent de l’épopée romaine. La bibliothèque de l’église primatiale de Tolède possède un précieux manuscrit de la préface et des gloses de cette traduction. Le Manuel des favoris consiste en cinquante-trois octaves sur la fin tragique du connétable don Alvaro de Luna, favori de Jean ii. Bias et la Fortune est un long dialogue en vers entre Bias et la Fortune, composé à l’occasion de la captivité d’un parent de Santillane, le comte de Alva, emprisonné par ordre du roi. Des sentimens dé-

  1. Y profundamente viò la poesia.