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À UNE JEUNE ARABE.

Rapporte-t-on l’odeur au baume qui l’exhale ?
Aux rameaux d’oranger rattache-t-on leurs fruits ?
Va-t-on prêter des feux à l’aube orientale,
Ou des étoiles d’or au ciel brillant des nuits ?

Non, plus de vers ici ! Mais si ton regard aime
Ce que la poésie a de plus enchanté,
Dans l’eau de ce bassin[1] contemple-toi toi-même ;
Les vers n’ont point d’image égale à ta beauté !

Quand le soir, dans le kiosque à l’ogive grillée,
Qui laisse entrer la lune et la brise des mers,
Tu t’assieds sur la natte, à Palmyre émaillée
Où du moka brûlant fument les flots amers ;

Quand, ta main approchant de tes lèvres mi-closes
Le tuyau de jasmin vêtu d’or effilé,
Ta bouche, en aspirant le doux parfum des roses,
Fait murmurer l’eau tiède au fond du narguilé ;

Quand le nuage ailé qui flotte et te caresse
D’odorantes vapeurs commence à t’enivrer ;

  1. Toutes les cours des maisons en Orient ont un jet d’eau au milieu et un bassin de marbre.