Page:Revue des Deux Mondes - 1834 - tome 1.djvu/105

Cette page a été validée par deux contributeurs.
101
REVUE DE VOYAGES.

l’Opéra. Mais M. Laplace met les bayadères de Janaon bien au-dessus de celles de la rue Lepelletier, et bien des gens seront de son avis, après avoir lu la description qu’il fait de leurs danses. C’est Janaon surtout qui a fourni à Bourbon ces cultivateurs libres dont nous avons parlé plus haut.

Deux mois de séjour dans ces parages avaient suffi à la Favorite pour visiter les principaux établissemens de la côte de Coromandel ; elle eut plus d’une fois occasion de rendre service à nos bâtimens marchands que n’y protège aucun agent consulaire. Pressée par le temps, elle en partit pour se rendre dans les mers de Chine. Le 10 août, elle mouilla devant Malaca, si célèbre sous la domination des Portugais, alors qu’elle était le centre du commerce de tous les pays malais et du grand archipel d’Asie. Ses murs ont été témoins de cent combats : prise plusieurs fois par les Espagnols et les Hollandais, enlevée par les Anglais sur la fin du siècle dernier, elle est restée définitivement en leur pouvoir et n’est plus aujourd’hui qu’un bourg habité par une dizaine de marchands européens que protègent quelques cipayes. Sincapour, au contraire, fondée, il n’y a pas vingt ans, sur une côte sauvage où l’on voyait à peine quelques misérables cabanes de pêcheurs, est devenue l’entrepôt d’un commerce immense. Sa rade peut à peine contenir la multitude des navires qui y abordent de tous les coins du monde. Encore quelques années, et peut-être elle n’aura point de rivales dans l’archipel dont elle garde un des détroits.

Le 7 septembre, la Favorite laissa tomber l’ancre dans la rade de Manille. Nous l’y laisserons en ce moment pour l’y retrouver dans un prochain article.


Th. Lacordaire.