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REVUE. — CHRONIQUE.

Catherine de Médicis, ni de l’esprit faible et mauvais de Charles ix, ni des folies de Henri iii, ni des trames perfides des Guise, ni des cruautés que l’on exerce envers les protestans. Son style est ici vif, rapide, énergique, et les recherches profondes auxquelles il s’est livré pour recourir aux sources, originales, aux renseignemens irréfragables, ne servent pas peu à lui donner plus d’assurance.

La seconde partie de ce volume est encore plus dramatique. C’est l’histoire de cette réformation d’Angleterre qui s’opère, non pas comme en Allemagne par le raisonnement, par la lutte d’un pauvre moine contre toutes les puissances, par cette sorte d’apostolat de quelques hommes obscurs, qui s’insinue dans le peuple avant d’en venir aux têtes couronnées, mais par un caprice de roi, par un roman d’amour, par une volonté de despote. C’est l’histoire de ce cruel Henri viii, qui fait décapiter sa femme lorsqu’il lui prend envie d’en épouser une autre ; l’histoire de cette belle et malheureuse Anne de Boleyn ; l’histoire de Catherine Howard, condamnée à mort par ce singulier arrêt du parlement, qui déclare coupable de haute trahison toute jeune fille qui, ayant perdu sa virginité, ne le ferait pas connaître au roi, lorsque celui-ci voudrait l’épouser.

Puis vient Marie, qui tente d’opérer dans le royaume une réaction religieuse, désormais devenue impossible ; les cours de justice se forment en tribunaux d’inquisition ; les bûchers se dressent ; le sang coule, et Philippe ii a la gloire d’avoir fait martyriser les ennemis de sa croyance en Espagne, en Angleterre et dans les Pays-Bas.

Puis vient Élisabeth, puis ces héros de roman, Leicester et Norfolk, et ce drame terrible de Marie Stuart, détaché si souvent des archives de l’histoire, pour être mis sur la scène. L’auteur a cru trouver dans ses documens des preuves suffisantes de la grandeur d’ame d’Élisabeth et de la culpabilité de Marie Stuart. Nous ne voulons pas entamer une polémique à ce sujet, mais nous croyons que tous les faits historiques révélés jusqu’à ce jour, en y joignant même ceux que M. de Raümer nous présente, ne sont pas encore assez forts pour diminuer l’intérêt que nous inspire cette jeune reine, obligée de fuir son royaume, mise en prison sur la terre où elle a cherché un refuge, détenue vingt ans captive et condamnée à mort par la femme, par la parente en qui elle a eu confiance.

Considéré dans son ensemble, l’ouvrage de M. de Raümer est établi sur le plan le plus large, et présente un tableau solennel, dont toutes les parties sont bien coordonnées ; mais, à le prendre dans ses détails, il laisse encore plusieurs choses à désirer. On regrette en certains endroits que l’auteur sacrifie trop à ce soin scrupuleux de relater des circonstances assez minimes, qui ralentissent le récit, sans rien ajouter d’important à savoir