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John Galt. — Auteur des Annales de la paroisse, de Sir André Wyllie et de Lawrie Todd, Galt ne recherche pas l’élégance, s’éloigne de l’étiquette, a peu de prédilection pour les souvenirs chevaleresques, et ne s’occupe ni d’exalter, ni d’embellir, ni de défendre ou d’accuser la nature humaine. Qu’elle s’arrange comme elle voudra, qu’elle se défende elle-même ; la voici telle qu’elle est, vivante, naïve, sans plaidoyer pour ou contre. Galt s’en tient à l’ancienne façon des conteurs de fabliaux : « Il y avait un jour un homme qui… » et, là dessus, notre homme part, continue sa narration sans s’arrêter, sans faire de phrases, sans regarder à droite ou à gauche pour découvrir des tableaux pittoresques ou des pensées neuves. Nous l’écoutons, et, sans nous en douter, nous sommes captivés par cette magie si simple et si naturelle. À nos yeux les caractères se développent, des personnages que nous jugions communs, vulgaires, peu intéressans, nous attachent malgré nous. Leurs petites bizarreries, leurs particularités si bien analysées, si bien décrites, nous amusent et nous captivent. Celui-ci est niais, cet autre malin, ce troisième est habile, et ce quatrième à la fois sentimental et égoïste. Nous vivons avec plaisir dans le sein de cette petite coterie dont les acteurs ne peuvent nous faire aucun mal, et dont les ressorts nous apparaissent, dévoilés par une main si habile.

Nous avions commencé la lecture d’assez mauvaise humeur ; bientôt notre front se déride ; nous approuvons, nous sourions ; nous reconnaissons une veine cachée de causticité bonhommière ; nous nous habituons au langage narquois de l’auteur ; enfin, la gaîté nous gagne, le rire fou nous prend, et nous ne quittons l’ouvrage qu’à la dernière page du dernier volume.

Rien de plus complet et de plus vrai que les Annales de la paroisse. Les Héritiers d’Ayrshire et le Prévost se placent à peu près sur la même ligne. Ce sont des caractères soutenus jusqu’au bout, des hommes réels, qui sont sortis tout armés du cerveau de Galt. Voyez le révérend Balwhidder ; il n’a qu’un talent, qu’une expérience. Il sait diriger sa femme, ou plutôt ses femmes. C’est là tout son génie, toute son étude. Une théière se casse ;

    une singulière confusion de noms et de dates, place entre Thomas Hope et John Galt, l’un mort il y a peu d’années, et l’autre qui existe encore, était un homme fort riche et un orientaliste fanatique. Pendant que Walpole s’enfermait dans ses tourelles féodales pour écrire un roman de chevalerie assez faible, Beckford faisait construire un palais asiatique, essayait en vain d’acclimater en Angleterre les arbres de la Perse et de l’Arabie, et composait son Khalife Vathek, livre dont on a beaucoup admiré la couleur locale, ce qui n’empêche pas qu’il ne soit très ennuyeux.