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trente-six millimètres. Après sa métamorphose, il reste encore habituellement posé sur l’écorce des jeunes branches, et fait aussi, de temps en temps, sortir de son corps de petites gouttes d’une eau limpide.

Quoique relatives à des arbres de différentes familles, les deux observations offrent plusieurs points frappans de ressemblance. Dans l’une comme dans l’autre, nous voyons les larves vivant au milieu d’une mousse écumeuse formée aux dépens du végétal ; le point d’où l’eau émane exclusivement est aussi le même dans les deux cas, c’est à l’union des nouvelles pousses avec les anciens rameaux, au point où les sucs sont le plus abondans, et où l’écorce peut être le plus facilement attaquée ; enfin, dans les deux cas, c’est pendant la chaleur du jour que tombe cette étrange pluie. La cause assignée par M. Goudot pourrait bien être la seule vraie : son observation mérite plus de confiance comme ayant été faite de plus près ; mais il n’est que juste de remarquer que le mûrier de Tamatave n’avait pas, à beaucoup près, la taille du cubœa du Brésil, et que l’observateur avait cinquante ans de moins.

Si dans les divers cas que nous avons cités l’exhalation ne paraît entrer pour rien dans la production de l’eau versée par les arbres, ce n’est pas que, dans d’autres cas, cette cause ne puisse produire des effets plus ou moins analogues. Les plantes, en effet, ont, comme les animaux, leur transpiration, et l’eau, quoique sortant habituellement sous forme de vapeur, peut apparaître quelquefois à l’état liquide, en gouttelettes, comme la sueur. C’est ainsi qu’on observe fréquemment des gouttes d’eau qui se forment au sommet des feuilles du blé à l’heure où le soleil se lève. Ces gouttelettes se voient aussi sur les dentelures de certaines plantes ; elles sont rangées avec régularité sur la feuille de la capucine. On en voit aussi parfois sur les feuilles de la vigne, mais seulement à la face inférieure.

On avait cru jadis que ces gouttelettes d’eau, très visibles au soleil levant, étaient déposées par la rosée ; mais Mussenbroeck a montré qu’elles doivent être rapportées à l’action du végétal vivant, puisqu’on les trouve aussi sur les plantes abritées.

L’eau contenue dans les urnes du népenthès est aussi exhalée par la plante, et non introduite du dehors. Quelques botanistes