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FÊTES DE LA JURA.

née, et des peuples qui devaient bénir son pouvoir ; — toute pareille en cela à l’Aurore qui anime et embellit les champs qu’elle éclaire. — Le Sommeil et la Nuit, — c’étaient l’ignorance, l’envie, les projets chimériques, les illusions et les crimes qu’engendrent ces deux divinités de l’Averne, dont l’influence avait disparu, comme les ténèbres devant la lumière, depuis qu’il avait plu à la Providence de féconder le lit de Christine et de Ferdinand, et surtout depuis que la nation avait vu si heureusement rétablir la santé de son roi chéri, et calmé l’inquiète sollicitude de son épouse. — Les Heures — étaient les heures de joie qui succédaient aux heures d’amertume, — et les Graces — étaient les graces que la nature avait prodiguées à la jeune princesse.

La seconde troupe, qui était précédée aussi de sa musique militaire, se composait d’une bande de bergers, de laboureurs, de marins, de jardiniers et d’artisans, avec les costumes et les instrumens de leurs diverses professions. Au milieu d’eux, six chevaux traînaient un autre char somptueux, escorté de la Peinture, de la Sculpture et de l’Architecture, et conduisant Mercure armé de son caducée, debout entre Cérès couronnée d’épis et Flore ceinte de guirlandes.

Il était aisé d’apercevoir derrière cette allégorie la séduisante perspective qu’offrait à l’Espagne la succession directe de ses rois, amans zélés des arts consolateurs. — Les bergers et les laboureurs, qui bénissaient Cérès, faisaient prévoir les progrès de l’agriculture, l’accroissement des troupeaux et l’amélioration de leurs laines précieuses. — Les jardiniers, qui adoraient Flore, annonçaient qu’une princesse sur le front de laquelle brillaient la beauté, la candeur et la pureté, ne serait pas moins chère aux Espagnols que ne l’était aux Gentils la déesse du printemps et de la fécondité. — Les marins et les artisans, qui se tournaient vers Mercure, le dieu du commerce et de l’industrie, témoignaient leur confiance dans la protection qu’à l’exemple de ses illustres parens, la princesse dispenserait à ces élémens de richesse. — La Peinture, la Sculpture et l’Architecture, leurs palmes à la main, montraient qu’un nouvel âge d’or allait renaître pour les beaux-arts, fils de l’abondance et de la prospérité.