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FÊTES DE LA JURA.

comme pour toute l’Espagne, une nuit pieuse, une nuit sainte, une nuit d’autel et de prières ; — une nuit aussi de superstitions catholiques ; — une nuit où s’allaient cueillir aux champs, hors des villes, le trèfle et la verveine qui se conservaient ainsi qu’un talisman dans les maisons, et y reverdissaient à la Noël ; — à présent une nuit de danse et d’ivresse, une nuit de débauches, une nuit de saturnales.

À son bal immense et effréné de la nuit de la Saint-Jean, — bal qu’il n’oublie point, et auquel il est chaque année invariablement fidèle, — bal qui ne lui coûte d’ailleurs que son sommeil, — ce peuple était donc venu en masse avec son orchestre de guitares ; — et il coulait là à pleins bords ; et il allait s’agiter et gronder ainsi toute la nuit ; — et ses vagues apaisées ne devaient se retirer et rentrer dans leur lit qu’au grand jour.

C’était une fête populaire qui tombait dans les fêtes royales, ou plutôt c’étaient bien les fêtes royales qui tombaient dans une fête populaire.

viii.
LES PAREJAS.


Dire exactement ce qu’ont été et ce que sont les maestranzas, — rechercher l’origine et le but de leur institution primitive, — ce serait chose longue et difficile, et qui demanderait d’ailleurs beaucoup plus de développement que n’en permet une description de fêtes. — Qu’il vous suffise, quant à présent, de savoir que les maestranzas actuelles sont des compagnies de noblesse, — des espèces de congrégations militaires, dont les membres sont supposés maîtres passés dans l’art généreux et fortuné d’aller à cheval, — arte generoso y afortunado de andar a caballo.

Il y a cinq maestranzas : — celle de Séville, celle de Valence, — celle de Grenade, — celle de Ronda, — et celle de Saragosse. Chacune d’elles a pour chef et protecteur, ou le roi, ou l’un des membres de la famille royale. — L’organisation régulière des quatre premières remonte au commencement du 17e siècle. La