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LITTÉRATURE ANGLAISE.

de sa sensibilité. Il est doué d’un goût remarquable pour les arts, et ses saillies épigrammatiques ont fait rire le public aux dépens de plusieurs de ses confrères.


Thomas Pringle. — Poète et philanthrope, il a écrit des vers agréables et pittoresques, et fait de nobles efforts pour introduire la liberté, le savoir et la religion, dans les lieux où régnaient depuis long-temps l’ignorance et l’esclavage.


William Kennedy, — auteur des Fantaisies changeantes (Fitful Fancies) et de la Flèche et la Rose (the Arrow and the Rose), ne manque pas d’imagination et de sensibilité. Sa versification est inégale, et sa diction quelquefois exagérée[1].


Robert Montgomery, — poète à la fois pieux et satirique, a trouvé des censeurs amers et des panégyristes ardens. Il y a une ferveur sincère dans son enthousiasme et beaucoup de facilité dans son style. Malheureusement, les sujets qu’il choisit sont trop élevés, trop sacrés, trop monotones dans leur sublimité, pour qu’une lyre humaine s’en empare.


Alfred Tennyson[2] est un poète doué d’une imagination heureuse et forte. L’originalité de sa pensée est souvent défigurée par la bizarrerie affectée de sa diction. Les sentimens qu’il veut exprimer ne naissent pas toujours naturellement du sujet qu’il traite. Cependant plusieurs de nos critiques le regardent comme l’espoir de la poésie anglaise, comme celui de nos jeunes poètes qui annonce le plus de génie


Ébénézer Elliot[3] a chanté la misère produite par nos mau-

  1. Peut-être trouvera-t-on un peu de banalité dans ces éloges distribués par l’aménité de M. Cunningham à ses confrères en l’art de poésie. Robert Montgomery, Barry Cornwall, Leigh Hunt, surtout Tennyson et Elliot sont des poètes souvent remarqués ; les autres noms sont introduits ici par la politesse de l’auteur anglais.
  2. Il est impossible de comparer Tennyson avec les versificateurs précédens. Il est original, poète métaphysicien sans mysticisme, analyste et passionné ; plein de défaut, mais d’audace et de force, de pensée et de nouveauté ; il a fait de la poésie avec des syllogismes et des déductions philosophiques. Très jeune encore, il n’a donné que deux petits volumes de poésies, supérieurs pour la profondeur et la verve à celles de Barry Cornwall, de Montgomery, etc.
  3. Nous séparerons aussi de la liste des Dü Minores que M. Cunningham a pris la peine de former ici, le Corn-Law-Rhymer (le poète des lois céréales) qui a jeté récemment, au milieu du tumulte des discussions politiques, quelques pièces