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la facilité dans ses productions. Il a pris une part active à la controverse récente que lord Byron a cru devoir soulever à propos de Pope. Tous ceux qui sont entrés dans cette lice ont eu le singulier mérite de déraisonner à la fois. La nature et l’art prêtent également à la poésie ; il ne s’agit que de l’y trouver[1].


William Sotheby. — La littérature anglaise lui doit une traduction agréable de l’Obéron de Wieland, qui a inspiré à Flaxman[2] quelques-uns de ses plus beaux dessins. Écrivain original quand il veut l’être, il s’est occupé surtout de traductions. Ses fragmens d’Homère offrent une reproduction du poète grec moins pittoresque et moins naïve que celle de Cowper[3], plus fidèle que celle de Pope.


William Cary. — Il s’est fait surtout connaître par sa magnifique traduction du Dante et par quelques imitations des poètes français du second

    tice doubler la liste des noms qu’il a placés dans cette série de rapides et piquantes biographies. Atherstone, Hartley-Coleridge et beaucoup d’autres méritaient autant cet honneur que Lisle Bowles, Motherwel et Alaric Watts. La gloire et le talent de cette innombrable armée de versificateurs ne s’élève guère plus haut que ceux des sonettieri d’Italie. Une pensée ingénieuse, un rapprochement singulier, un concetto piquant, exprimé en quelques lignes mélodieuses, suffisaient au sonettiere. Une émotion douce, un sentiment naturel, mais souvent vulgaire, une observation déjà triviale, un souvenir pathétique, fournissent au poète anglais de second ou de troisième ordre, une ballade, un Dirge, une élégie, des stances. La foule de ces morceaux, assez agréables à lire, mais presque tous d’un mérite égal, prouve la facilité du genre ; les Annuaires en sont pleins ; tout jeune homme bien élevé termine son éducation de cette manière. La poésie est ailleurs.

  1. Byron a joué un rôle assez ridicule dans cette controverse. Bowles avait attaqué Pope, qu’il avait traité de poète artificiel. Byron répondit que toute poésie est artificielle. M. Cunningham observe avec la sagacité ingénieuse dont il fait si souvent preuve, que la poésie est partout : dans la vaste forêt, sous le toit du vigneron, dans le cœur de la jeune femme entourée d’hommages, sur le champ de bataille ensanglanté. Byron, ennuyé de se voir suivi à la piste par les féroces copistes de Lara et de Manfred, prit en main la cause de Pope, celui des poètes qui lui ressemblait le moins, se détacha ainsi de ses propres imitateurs qu’il détestait. Il avait aussi le plaisir de se moquer un peu de M. Bowles, ministre protestant et homme pacifique, pieux, rangé, et qui lui semblait bon à tourmenter un peu.
  2. Sculpteur et dessinateur célèbre.
  3. Voyez l’article de Cowper dans notre précédent numéro.