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LITTÉRATURE ANGLAISE.



Leyden. — Les Scènes de l’Enfance (Scenes of Infancy), la Syrène (Mermaid) et la Cour de Keeldar (Court of Keeldar) attestesteront long-temps le génie de John Leyden, qu’une mort prématurée a enlevé à ses amis et à la gloire. Fils de parens pauvres, il est né en 1775 auprès d’Ancram. Sa facilité, l’ardeur de son intelligence, et quelques chansons qu’il composa, lui valurent la protection et l’amitié de Walter Scott, dont la résidence était alors voisine d’Ancram. Ce poète inséra dans son premier recueil[1] deux ballades de Leyden, plus remarquables par l’imagination, la grace et l’élégance du rhythme, que par la vérité, la profondeur et l’entraînement.

On trouve dans les Scènes de l’Enfance des passages charmans et pittoresques, un sentiment vrai et gracieux de la nature ; les traditions intéressantes et les beaux paysages de Teviotdale s’y reproduisent avec bonheur et souvent avec fidélité. Il ne manque à ce poème que la vigueur et l’originalité. L’oreille est charmée par une mélodie continue, plutôt que l’ame n’est élevée et remuée par la passion et le génie de l’auteur.

Lord Minto n’ignorait pas ce qu’il y a de douleur et de détresse dans la destinée du poète qui n’a que son talent pour soutien. Sans être sollicité, il offrit à Leyden une place administrative aux Indes-Orientales, place qui fut acceptée avec reconnaissance. Leyden quitta Walter Scott les larmes aux yeux, et partit pour les contrées du Soleil. On peut voir, dans les écrits de sir John Malcolm, avec quelle assiduité, avec quelle persévérance, Leyden se livra à l’étude des langues orientales. Déjà l’on s’attendait à voir s’ouvrir et se dérouler, sous cette main jeune et hardie, tous les trésors littéraires de la Perse et de l’Indoustan, lorsqu’en 1811,

    cours mystique, non de l’érudition, mais de la pensée et de la critique allemandes. Ses études sur Schiller, Goethe, Herder et Burger, ont laissé des traces dans tout ce qu’il a écrit.

    Malheureusement, il n’a pas achevé de système, ni cherché à se rendre un compte philosophiquement exact de ses impressions. Un spiritualisme exalté, se combinant chez lui avec la pensée protestante, n’a rien pu produire de complet ni de saisissable. Il n’a pas échappé à la raillerie. « J’allai, dit Hazlitt, entendre Coleridge, le fameux prédicateur laïque : lorsque je vis un petit homme noir, sans dignité, sans tenue et sans grace, la figue rubiconde et fleurie, se débattre dans une chaire, je fus singulièrement désappointé. » C’est dans un salon qu’il faut entendre Coleridge remuer toutes les idées contemporaines, soulever toutes les questions sans les décider, et répandre à flots cette brillante faconde, source de sa réputation.

  1. Minstrelsy of the Scottish Border.