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DE LA CHINE.

tains sectaires bouddhistes. Cette explication d’un fait sans autre importance par lui-même que celle que l’esprit de système avait voulu lui donner, a été accompagnée par M. Rémusat de curieux renseignemens sur les trente-deux qualités visibles et les quatre-vingts sortes de beautés que les textes chinois et mongols prêtent au législateur-dieu Bouddha. L’imagination minutieusement descriptive de ses sectaires a fait de lui un signalement fantastique, il est vrai, mais où la tradition a conservé les traits dominans de la race à laquelle appartenait le promulgateur du bouddhisme. Il y est dit positivement que Bouddha avait les cheveux bouclés, et point crépus, les lèvres roses, le nez proéminent ; en un mot, s’il y a un Bouddha humain, il était beau, comme l’ont été tous les fondateurs de religion ; il n’était pas plus un nègre que la vierge Marie n’était une négresse, quoiqu’elle soit représentée noire comme une Africaine dans les anciens tableaux, dont les auteurs la confondaient avec sainte-Marie l’Égyptienne ; il appartenait à la race à laquelle appartiennent les Brahmes, race que la conformité de sa langue et de ses traits rapproche des populations grecques et germaniques, ainsi que des autres branches de cette grande famille de peuples à laquelle nous tenons, qu’on appelle Caucasique, et qu’on pourrait appeler Himalayenne.

L’époque de la naissance du bouddhisme est plus difficile à fixer que le lieu de son origine ; aussi les opinions ont-elles varié considérablement sur ce point. Pallas hésite entre deux dates séparées par une distance de mille ans. M. Langlès, par une distraction inexplicable, fait naître Bouddha vers quatre cents ans avant Jésus-Christ, et mourir en 542, cent quarante-deux ans avant sa naissance, âgé de quarante-neuf ans, confusion assez plaisante, que M. Rémusat n’a eu garde de laisser passer sans la remarquer.

Pour lui, il a donné à la chronologie du bouddhisme une base nouvelle, par la découverte qu’il a faite, dans l’encyclopédie japonaise, d’une liste des trente-trois premiers patriarches bouddhistes, avec la date de la naissance et de la mort du plus grand nombre d’entre eux rapportée à la chronologie chinoise. D’après ces documens, la mort de Bouddha aurait eu lieu en 950 avant Jésus-Christ, qu’il aurait ainsi précédé de près de dix siè-