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REVUE. — CHRONIQUE.

du temps des cortès, en 1822, les partis étaient très nombreux en Espagne, et chacun de ces partis se divisait en sectes qui commençaient à guerroyer les unes contre les autres. Les deux principales divisions du parti constitutionnel se composaient des francs-maçons et des communeros. Les chefs du parti maçon étaient Riégo, Mina, Galiano, Isturitz, Évariste San-Miguel, qui s’étaient emparés des affaires, et représentaient, dans la révolution espagnole, ce qu’on nomme aujourd’hui le parti de la résistance. À leur suite se traînaient les indifférens, les hommes à places, les vieux royalistes convertis à la constitution par l’appât d’un traitement ou des distinctions, gens que l’opinion confondait tous dans le même mépris, sous le nom d’anilleros, de camilleros et de pastelleros, pâtissiers ou ventrus.

Les communeros étaient le parti du mouvement, parti énergique qui n’osait cependant pas rompre avec la monarchie, qu’il voulait fonder sur la souveraineté du peuple. Dans leurs réunions, qu’ils nommaient torres ou tours, par opposition aux loges des francs-maçons, ils prêtaient le serment de combattre jusqu’à la mort pour la liberté des communes et les franchises des anciens communeros de Castille, détruits par l’empereur Charles-Quint. Ces associations se composaient non pas seulement de bourgeois des villes et d’officiers de l’armée, mais d’un nombre infini d’ouvriers et de paysans. Palaréa, le duc del Parque, Ballesteros, Romero Alpuente, Reillo, Morales, Bertran de Lys, le malheureux Torrijos, figuraient dans ce parti, qui, plus que tous les autres, fut en butte aux réactions et aux persécutions des apostoliques.

Nous ne parlons pas des afrancesados, reste du régime du roi Joseph, parti qui s’efface chaque jour, et que remplace une autre nuance, celle des partisans du régime actuel de la France. L’ancien parti afrancesado comptait beaucoup d’hommes de talent ; quelques-uns d’entre eux figurent dans le nouveau parti francais. El Pastor, le colonel Moreno, le colonel Valdès, de Pablo, Graces, faisaient partie des communeros.

Mais tous ces partis se sont usés dans l’émigration ; le meilleur de leur sang a coulé dans les expéditions tentées contre l’Espagne, où Pinto, Torrijos et tant d’autres ont péri. Les uns se sont énervés dans les petites intrigues de Londres et de Paris ; les autres ont été oubliés en Espagne, où, pendant ce temps, se sont formés d’autres partis. Celui qui paraît devoir dominer aujourd’hui, et attendre la chute des Zéa-Bermudez, des Ofalia, pour se placer à la tête des affaires, est représenté par le marquis de Las Amarillas, homme jeune encore, puisqu’il a tout au plus quarante ans, et l’une des premières capacités de l’Espagne. Il a pour principaux soutiens le comte de Punon-Rostro, les ducs de San-Lorenzo,