une chose curieuse, et nous sommes ici pour satisfaire la curiosité des voyageurs.
Je ne parus pas faire attention à l’espèce d’amertume avec laquelle il prononça ces mots. J’appelai le maître de l’auberge, afin qu’il nous apportât une bouteille de son meilleur vin et trois verres ; je les emplis, et en prenant un de chaque main, j’allai à Coutet.
En m’entendant venir à lui, il se releva. Je lui présentai le verre qu’il accepta avec ce sourire que je n’ai jamais trouvé plus cordial que sur la figure des habitans de la Savoie.
— À votre santé, mon maître, lui dis-je, et puisse-t-elle ne jamais se retrouver dans un danger pareil à celui qu’elle a couru.
— Ah ! monsieur veut parler de ma cabriole dans la crevasse, répondit Coutet ?
— Justement.
— Le fait est, — Coutet interrompit sa phrase pour vider son verre, — que j’ai passé un mauvais quart-d’heure ! — continua-t-il en le posant sur la table, et en s’essuyant la bouche du revers de sa main.
— Aurez-vous la complaisance de me donner quelques détails sur cet évènement ? repris je.
— Tous ceux que vous voudrez, monsieur.
— Alors asseyons-nous.
Je donnai l’exemple : il fut suivi. Je remplis les verres des deux guides, et Coutet commença…
Une autre fois je vous dirai l’histoire de mon ami Coutet.