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LITTÉRATURE ANGLAISE.

miens en trois classes correspondant au cours de la vie humaine, et présentant les conditions requises pour un ouvrage complet : un commencement, un milieu et une fin. Ces trois classes forment un ordre de temps qui part de l’enfance, et aboutit à la vieillesse, à la mort, à l’immortalité. »

Et comme pour couronner son œuvre, pour achever de formuler ses principes, il publia en 1814 son poème intitulé l’Excursion.

Les aperçus que cet ouvrage philosophique présente sur l’homme, la nature et la société, sont le résultat d’une pensée profonde et de vastes observations. On y reconnaît partout la sensibilité la plus douce et l’imagination réglée par le jugement et la foi. C’est l’œuvre d’un homme dont le cœur s’ouvre à toutes les sympathies de l’existence domestique et sociale, et qui exprime des sentimens vrais d’une manière à la fois simple et sublime. Dans une introduction, l’auteur développe la tendance de tout le poème, dont il n’a publié que la première partie, pour ne pas s’attirer encore les reproches amers des critiques. Voici le début de l’Excursion :

Of Truth, of Grandeur, Beauty, Love, and Hope -
And melancholy Fear subdued by Faith ;
Of blessed consolations in distress ;
Of moral strength and intellectual power ;
Of joy in widest commonalty spread ;
Of the individual mind that keeps her own
Inviolate retirement, subject there
To conscience only, and the law supreme
Of that intelligence wich governs all -
I sing.

« Vérité, Grandeur, Beauté, Amour, Espérance ; Craintes pénibles conquises par la Foi, Consolations qui viennent à nous dans le malheur, Force morale, Puissance intellectuelle, Joies répandues sur les hommes qui vivent en communauté, isolement de l’esprit, qui vit dans son propre sanctuaire, libre comme un roi sur son trône, et n’obéissant plus qu’à sa conscience et à la loi suprême de cette intelligence qui gouverne tout : — voilà ce que je chante. »


La Revue d’Édimbourg était jeune alors, forte, audacieuse, insolente[1] ; elle traita Wordsworth comme le principal apôtre de l’hérésie poétique ;

  1. Il est à regretter que l’auteur n’ait pas jugé à propos de montrer ici l’influence et l’impulsion dues aux publications périodiques de la Grande-Bretagne