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DE LA CHINE.

chands étrangers sont transformés à la Chine en ambassadeurs qui apportent les tributs de leur souverain au maître du monde. C’était peu de chose pour le maître du monde de joindre à son immense empire un état de plus du côté de l’Occident. Ainsi les deux monarchies qui se partageaient le plus grand nombre des peuples de la terre, se touchaient et ont pensé se heurter à leur insu, comme deux géans qui passeraient à côté, l’un et l’autre s’effleurant dans la nuit.

Mais ce fut surtout aux viie, et viiie siècles, sous la glorieuse dynastie des Thang, que l’empire de la Chine acquit une grande extension à l’ouest ; ce fut alors que les rois de Bokhara, de Karisme, de Samarcande, que les peuples des bords de l’Oxus jusque vers la mer Caspienne, furent compris dans l’enceinte démesurément élargie des frontières de la Chine. Sans doute, tout le pays intermédiaire ne formait pas un état régulier et constamment soumis : il y avait bien des insurrections locales, bien des chefs qui reconnaissaient l’empire de la Chine plutôt de nom que de fait ; mais, enfin, il en résultait des relations, au moins passagères, entre elle et ces peuples sédentaires et nomades, qui la considéraient comme un centre de civilisation d’où ils recevaient quelques lumières, et auxquels elle étendait sa suzeraineté et son nom (Thsin). On voit les princes dépossédés se réfugier près du grand empereur ; le fils du dernier des rois Sassanides de la Perse y fut chercher un asile, fuyant, disent les auteurs chinois, un vassal révolté ; c’est ainsi que dans leur récit l’insurrection conquérante de l’islamisme s’est transformée en un simple soulèvement contre le souverain légitime.

Ensuite la Chine commença d’être envahie par les populations du nord, et démembrée de ce côté en plusieurs royaumes dont les plus célèbres furent les Ki-Tans, d’où lui vint par extension le nom de Cathai, et les Tangutains. Les pays occidentaux qui avaient reconnu sa suzeraineté y échappèrent, et cet état de morcellement fut couronné par les conquêtes des Mongols.

Maîtres de la Chine, les Mongols portèrent à leur tour le renom et l’influence de leur pouvoir bien loin vers l’Occident ; de proche en proche, ils vinrent de la Corée en Silésie. Un petit-fils de Gengis s’appela le vainqueur des Francs, tandis que le roi de