Page:Revue des Deux Mondes - 1833 - tome 4.djvu/270

Cette page a été validée par deux contributeurs.
266
REVUE DES DEUX MONDES.

confinée au sud du fleuve Hoëi ; tantôt s’étendant à l’ouest jusqu’à la Sogdiane et la Transoxane, et poussant des émigrations jusqu’en Arménie.

Ce fut sous la dynastie des Han, quatre-vingt-sept ans avant Jésus-Christ, qu’on commença, disent les historiens chinois cités par M. Rémusat, à entretenir des rapports avec les pays situés vers l’Oxus. La politique chinoise allait y chercher des adversaires aux Hioung-Nou (les Huns suivant de Guignes), dont le redoutable voisinage la faisait trembler. On possède une relation fort curieuse d’une mission donnée à cette époque à un général chinois qui a écrit son voyage. On l’avait envoyé dans la Transoxane engager une nation qui avait fui à l’ouest devant les Hioung-Nou, et par sa fuite avait dégarni les frontières de la Chine, qu’elle matelassait, pour ainsi dire, contre l’ennemi commun, à reprendre son poste, pour défendre l’empire chinois. En route l’envoyé fut pris par les Hioung-Nou, qui le gardèrent captif dix ans ; enfin il s’évada et arriva chez les You-Tchi, c’était le nom de la nation qu’il fallait décider à revenir dans les déserts de la Tartarie rendre au peuple chinois un rempart dont il avait grand besoin. Les You-Tchi ne l’écoutèrent point, comme on peut croire. — Pour retourner en Chine, il voulut prendre un autre chemin, afin d’éviter les Hioung-Nou ; mais l’invasion avait marché pendant qu’il était en pourparler avec les You-Tchi, et il fut pris une seconde fois. On conçoit que de semblables ambassades devaient instruire les Chinois sur les pays occidentaux : la guerre et la conquête leur ouvrirent de ce côté d’autres communications. Environ cent ans après notre ère, une armée chinoise arriva jusqu’auprès de la mer Caspienne et manqua envahir l’empire romain, sans bien savoir ce qu’elle faisait. Ce fut vers le même temps qu’un souverain de cet empire, appelé par les Chinois An-Thun, probablement un des Antonins, envoya, disent-ils, au fils du ciel, des ambassadeurs qui se rendirent près de lui par le Ton-King. Ainsi quelques rapports ont existé entre la Chine et Rome. Si chacun de ces puissans états joue un si petit rôle dans les annales de l’autre, c’est que, ne sachant que vaguement leur existence, ils ignoraient leur mutuelle grandeur. C’était un événement assez peu important à Rome que quelques députés passassent chez les barbares Transgangétiques ; peut-être quelques marchands, car tous les mar-