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la troisième religion de la Chine, celle qui dans le pays compte le plus grand nombre de croyans, est une religion étrangère, la religion de Bouddha, née dans l’Inde, dont on savait à peine le nom en Europe il y a un demi-siècle, qui compte près de trois mille ans d’antiquité, près de trois cents millions de sectateurs, et ne le cède peut-être qu’au christianisme pour la pureté de sa morale et l’étendue de son action bienfaisante sur la civilisation du genre humain.

Le système administratif est fort compliqué. Cette complication seule suffirait pour indiquer une civilisation très avancée, au moins très raffinée. Comme de semblables détails ne s’analysent point, laissons parler M. Rémusat.

« Le système de la subdivision des fonctions a prévalu depuis long-temps. L’administration des provinces est partagée entre plusieurs officiers qui n’ont pas de contrôle les uns sur les autres, et qui doivent porter à la cour les affaires sur lesquelles ils ne peuvent pas s’accorder ; le gouverneur-général, que les Européens nomment vice-roi, a ordinairement deux provinces sous son administration. Il y a en outre un intendant de la province, un surintendant des lettres, un directeur des finances, un juge criminel et deux intendans : l’un pour les salines, l’autre pour les greniers publics. Chaque département, chaque arrondissement et chaque district ont en outre des magistrats particuliers qui exercent concurremment des fonctions administratives et judiciaires. Le nombre des officiers subalternes est très considérable, leurs titres et leurs noms sont rapportés dans l’almanach impérial. Tous les trois mois tous les officiers de l’empire sont distribués en neuf classes, partagées en deux divisions, et auxquelles sont assignées des prérogatives et des marques distinctives particulières. Le souverain nomme à tous les emplois d’après une présentation triple du conseil personnel. »

Pour comprendre ce que c’est que ce conseil du personnel, il faut savoir qu’à la Chine il n’y a point de ministres ; mais chaque département est administré par un conseil, et ce sont ces conseils qui répondent à nos ministères ; le département des finances est administré par le conseil des revenus ; le département des cultes, par le conseil des rits ; le département de la justice, par le conseil des peines et supplices. Supplice et justice sont naturellement syno-