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DE LA CHINE.

à son embouchure. Le climat offre, comme on doit l’attendre de sa situation géographique, toutes les températures depuis les froids de la Sibérie jusqu’aux chaleurs de l’Hindoustan, et par suite les diverses espèces d’animaux qui leur appartiennent, depuis la zibeline et le renne jusqu’à l’éléphant et au chameau. Presque tous les végétaux utiles connus dans le reste du monde se trouvent à la Chine. De là un grand commerce intérieur qui se fait principalement au moyen des fleuves et des innombrables canaux dont elle est percée en tous sens. La Chine est comme un monde, et pourrait presque se suffire à elle-même ; cependant les Chinois font le commerce avec la Russie par Kiacta, avec l’Europe et l’Amérique par Canton. Autrefois leurs vaisseaux se sont avancés à l’Occident jusqu’en Arabie et en Égypte. Le trafic de la soie les avait fait connaître aux Romains sous un nom qui était le nom chinois de ce produit[1]. M. Rémusat ne tranche pas la question de la population portée par les calculs les plus exagérés à trois cent trente-trois millions, et dont le minimum ne peut être au-dessous de cent quarante. Il n’y a point de caste à la Chine, ni rien qui y ressemble ; le corps des lettrés, en possession de tous les emplois civils et militaires, se recrute uniquement par des concours littéraires ouverts à tous ; le despotisme de l’empereur, illimité en principe, trouve en fait des bornes dans les préceptes souvent assez hardis de la morale de Confucius, qui est la morale de l’État, et forme comme une sorte de catéchisme politique, base de toute instruction, et par là de toute autorité. Outre cette doctrine fondée sur un déisme assez vague, unique religion des lettrés, et auquel se rattache le culte purement civil, rendu par l’empereur ou les magistrats aux astres, aux montagnes, aux ames des parens et des sages, il en est deux autres moins arides et moins épurés qui se partagent la masse de la nation. L’une est celle des tao-ssé ou sectateurs du verbe ; le fond est la doctrine de Lao-tseu, qui vivait en même temps que Confucius, vers l’époque de Socrate. Elle est mêlée de beaucoup de fables et de superstitions, d’enchantemens, de miracles prétendus, d’impostures assez semblables aux rêveries du néo-platonisme corrompu. Enfin,

  1. , prononcé ser dans les provinces du nord, d’où seres, serica tellus.