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DE LA CHINE.

japonais, en tonkinois, etc., dans les principales langues du haut Orient ; y joindre la synonymie européenne établie d’après les descriptions et les figures, et des notices médicinales, usuelles, économiques, tirées des auteurs chinois. Tel est le vaste plan dont la mort a interrompu l’accomplissement, comme de tant d’autres du même auteur, encore plus regrettables. La partie botanique seule est très avancée ; pour le reste, il n’existe que le cadre d’un travail, que M. Rémusat avait préparé sans doute, mais dont il ne paraît pas avoir commencé l’exécution.

L’utilité d’un pareil ouvrage serait d’établir des rapports certains entre les objets de la science orientale et ceux de la science européenne, et par là de mettre à notre portée les recettes et les procédés de la première. Peut-être ce résultat ne vaut-il pas toute la peine qu’il coûterait ; on peut juger de la difficulté et des avantages qu’il peut y avoir à déterminer quel nom européen correspond au nom chinois d’une substance, par le travail de M. Rémusat sur la pierre Ju. Consacrer deux cents pages à préciser l’espèce minérale à laquelle ce nom doit se rapporter, et intéresser à une discussion si longue sur un sujet si restreint ; rattacher naturellement cette question minéralogique à l’histoire du commerce antique de la Haute-Asie, à l’origine des noms de Cachemir et du Caucase ; résoudre en passant la question des vases Murrhins ; à propos des pierres précieuses qui formaient le pectoral du grand-prêtre, et des matériaux mystiques de la Jérusalem céleste, rencontrer en son chemin l’Exode et l’Apocalypse ; c’est un tour de force : mais c’est aussi, ce me semble, une prodigalité d’érudition, de temps et d’esprit. En général, c’est faire un emploi assez vain de l’érudition que de lui donner pour matière de ses recherches les connaissances dont la nature est l’objet et doit être la source. Les naturalistes ne tiennent pas grand compte de ces travaux, ils estiment plus la découverte du moindre fait, que le labeur curieux par lequel on arrive à savoir à peu près quels faits ont été connus ou ignorés à telle ou telle époque, en tel ou tel pays. L’histoire des sciences naturelles ne se rattache que bien rarement à celle de l’homme ; or, c’est l’homme qu’il faut chercher dans l’histoire, et la nature dans l’observation.

Quant aux arts mécaniques, on sait la supériorité des Chinois