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DE LA CHINE.

ralité absolue, puisqu’il n’y a qu’un mot dans la langue pour désigner l’empire chinois et le monde. Cette science est dans l’enfance, mais c’est une enfance caduque comme celle de la nation elle-même, qui, aux erreurs du premier âge, associe souvent la pédanterie du dernier. La Chine est donc aussi dans cette situation doublement favorable aux encyclopédies, quand on ose les entreprendre parce qu’on croit tout savoir, et qu’on parvient à les achever parce qu’on ne sait pas grand’chose.

Je parle ainsi de l’encyclopédie japonaise par comparaison avec les lumières de l’Europe. Ce n’en est pas moins un ouvrage fort curieux, et duquel il y aurait beaucoup à tirer ; dans ce vaste recueil qui n’a pas moins de quatre-vingts volumes in-8o, les objets ne peuvent être classés alphabétiquement, puisqu’il n’y a point d’alphabet en chinois ; c’est donc une encyclopédie méthodique et les sujets de même nature se trouvent réunis. Chaque objet est figuré, et à côté de la figure est le nom en chinois et en japonais, et une synonymie offrant les mots étrangers. M. Rémusat, en faisant sur cet ouvrage le travail dont j’ai parlé plus haut, a eu soin d’indiquer la pagination d’après l’édition qui est à la Bibliothèque royale, de sorte qu’on peut y trouver ce qu’on y voudrait chercher, aussi facilement que dans notre encyclopédie méthodique.

Bien qu’à en juger par les titres des chapitres et par l’histoire du tapir asiatique que M. Rémusat en a extraite, les fables les plus ridicules tiennent une grande place dans cette volumineuse collection, on ne peut nier qu’elle ne doive fournir des documens utiles ; un livre où il est traité de tous les genres de connaissances, depuis l’astronomie jusqu’à l’art de dévider la soie, de toutes les conditions sociales depuis l’empereur jusqu’aux vétérinaires, aux sage-femmes et aux femmes de chambre ; un tel livre contient nécessairement bien des faits neufs et intéressans pour nous ; le texte peut être éclairci par les figures qui l’accompagnent, sauf à l’article des supplices ; là, par exception, la place où les objets décrits devaient être représentés, a été laissée en blanc ; délicatesse assez étrange de l’éditeur qui, en sa qualité de Japonais, ne devait pas avoir une horreur excessive du sang. Malheureusement, la portion de l’encyclopédie relative à la géographie des peuples étrangers n’en mentionne pas un grand nombre. Il sem-