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FÊTES DE LA JURA.

quant, sinon de courage, au moins de l’habitude et de la pratique qui seraient si nécessaires pour ces périlleuses entreprises, jouent absolument leur vie au hasard.

Il allait donc y avoir chance de mort de tous côtés et à chaque instant, et par conséquent surcroît énorme d’intérêt, — et par conséquent un bénéfice de cent pour cent d’émotions sur les courses habituelles. C’était quelque chose pour les aficionados.

Enfin leurs majestés parurent et prirent place au balcon principal de la casa real de Panaderia, sous le dais de velours rouge, brodé d’or, qui leur avait été préparé. Les autres balcons de cet édifice furent occupés par les infans, par les infantes, par la servidumbre royale, par les grands d’Espagne, les chambellans, les dames d’honneur, majordomes, tous revêtus de leurs plus splendides costumes de cour.

La compagnie des hallebardiers entra dans l’arène, et vint se ranger sur trois files au-dessous du balcon de leurs majestés.

Alors commença le cérémonial de la course.

Six alguazils à cheval s’avancèrent par l’arc de Tolède, précédant quatre calèches à six chevaux, entourées de laquais en grande livrée et de quadrilles de matadores à pied, dans chacune desquelles se trouvait l’un des quatre caballeros en plaza. Ces caballeros étaient : Manzano, Villaroel, Cordoba et Artaiz. Ils étaient assis chacun à la gauche de leurs parrains, le duc de Florida Blanca, le duc de Frias, le duc d’Albe et le duc dol Infantado.

Les caballeros en plaza portaient l’ancien costume espagnol, la veste et le manteau de soie, le chapeau à plumes rabattu ; les matadores, leurs riches et élégans habits de majos, étincelans d’or, de perles et de pierreries.

Les voitures s’étaient dirigées vers la loge de leurs majestés, et s’arrêtaient successivement au-dessous. Là, les chevaliers mettaient pied à terre avec leurs parrains, et saluaient debout en se découvrant ; — les matadors saluaient derrière eux en s’agenouillant.

Après eux s’approchèrent trente autres toreros à pied, — banderilleros, capeadores et chulos ; — puis les picadors à cheval, au nombre de dix ; puis les attelages de mules ; puis quatre troupes de volantes ou coureurs, chacune de cinquante hommes, déguisés, ceux de la première en anciens Espagnols, ceux de la seconde en