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MÉTELLA.

l’estomac, et par l’autre sur la tête, le comte se trouva bientôt guéri des deux maladies qu’il n’avait pas eues ; et, revenant à Florence, il oublia les deux femmes qu’il n’avait plus.


§. II.

Un matin, lady Mowbray, qui s’était fixée en Suisse, reçut une lettre datée de Paris ; elle était de la supérieure d’un couvent de religieuses où Métella avait mis deux ou trois ans auparavant sa nièce, miss Sarah Mowbray, jeune orpheline très intéressante, comme le sont toutes les orphelines en général, et particulièrement celles qui ont de la fortune. La supérieure avertissait lady Mowbray que la maladie de langueur dont miss Sarah était atteinte depuis un an faisait des progrès assez sérieux pour que les médecins eussent prescrit le changement d’air et de lieu dans le plus court délai possible. Aussitôt après la réception de cette lettre, lady Mowbray demanda des chevaux de poste, fit faire à la hâte quelques paquets, et partit pour Paris dans la journée.

Olivier resta seul dans le grand château que lady Mowbray avait acheté sur le Léman, et dans lequel depuis cinq ans il passait auprès d’elle tous les étés. C’était depuis ces cinq années la première fois qu’il se trouvait seul à la campagne, forcé, pour ainsi dire, de réfléchir et de contempler sa situation. Bien que le voyage de lady Mowbray dût être d’une quinzaine de jours tout au plus, elle avait semblé très affectée de cette séparation, et lui-même n’avait point accepté sans répugnance l’idée qu’un tiers allait venir se placer dans une intimité jusqu’alors si paisible et si douce. Le caractère romanesque d’Olivier n’avait pas changé, son cœur avait le même besoin d’affection, son esprit la même can-