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Anna lui-même, pour faire une expérience dans ce genre, sauf à lui substituer par la suite un homme plus dévoué à ses intérêts. Deux mois après son élection, le nouveau président fut proclamé dictateur par divers chefs militaires dans la province de Valladolid, à Cuernavaca et à Queretaro, près de la capitale. Santa-Anna n’osant pas, à ce qu’il paraît, porter hardiment la main sur le pouvoir suprême, marcha avec appareil, mais en même temps avec une indécision marquée contre ses propres partisans. Abandonné par une partie de ses troupes, il fut fait prisonnier par les rebelles et proclamé dictateur malgré sa résistance apparente ; il parvint cependant à s’échapper et rentra à Mexico, où le congrès, enhardi par cette démarche, rendit un décret sévère contre les auteurs de cette échauffourée. Les principaux chefs parmi lesquels se trouvaient l’ex-président Bustamente et son ministre Manjino ont été bannis pour six ans du territoire de la république avec une trentaine d’autres individus. À la date du 29 juin, époque des dernières nouvelles, le calme était complètement rétabli ; le parti fédéral ou démocratique l’emportait sur ses adversaires, et Santa-Anna restait au pouvoir. Malgré la conduite du président dans cette circonstance, de forts soupçons planaient sur son attachement au parti qu’il sert momentanément, et peut-être apprendrons-nous bientôt qu’une nouvelle révolution pareille à celle qui l’a porté au pouvoir, l’a fait rentrer dans la vie privée.


(N. du D.)