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RÉVOLUTION DU MEXIQUE.

et dans lequel Moctezuma fit preuve de plus de courage que d’habileté, Bustamente remporta une victoire complète. Le bagage, l’artillerie, la caisse de l’armée ennemie, les provisions qui étaient considérables, la voiture de Moctezuma et un grand nombre de chevaux tombèrent entre ses mains. Les vaincus laissèrent quatorze cents des leurs sur le champ de bataille ; quatre cents furent faits prisonniers : le reste prit la fuite dans toutes les directions.

Ce succès coûta cher à Bustamente, mais il en tira d’immenses avantages ; l’ennemi sembla s’être évanoui complètement, et la campagne resta libre devant lui jusqu’à Tampico. Le colonel Cuerto, qui venait de Guadalaxara avec 600 hommes pour se joindre à Moctezuma, était entré à Guampala le 21 septembre ; Bustamente détacha contre lui le général Cortezar, qui le menaça de ne lui faire aucun quartier s’il ne quittait sur-le-champ la ville ; la sommation eut son effet, et Cuerto se retira. Un autre officier, Abezana, s’était avancé jusqu’à Testillo, avec deux cent quatre-vingts hommes destinés à renforcer Moctezuma : la nouvelle de la défaite de ce général l’épouvanta, et il s’enfuit au plus vite vers Tampico.

Une des suites de cette victoire fut le retour de la législature de Zacatecas sous l’autorité de Bustamente. Ce général conclut avec elle une convention qui rétablissait le pouvoir du gouvernement dans toute l’étendue de l’état. Il attendait aussi la soumission de l’état de Guadalaxara, et se flattait d’être bientôt maître de Tampico. Son plan était de diviser ses troupes, et d’occuper les points principaux, afin d’assurer la tranquillité de tout le pays qu’il venait de ressaisir ; mais d’autres événemens vinrent suspendre ses rapides conquêtes. Santa-Anna, que nous avons laissé stationné à Orizaba, avait tiré avantage de l’absence de Bustamente, et s’était porté en avant avec ses meilleures troupes. Profitant alors de l’indiscrétion d’un des officiers de Faccio, qui engagea imprudemment un combat sans l’ordre de son général, il défit un détachement de trois cents hommes qui occupaient un poste avancé. Le beau-frère de Pedraza, fut tué dans cette affaire. Cet échec fit reculer l’ennemi, et Santa-Anna, poursuivant son succès avec ardeur, entra à Puebla le 5 octobre.

Le bruit de la prise de Puebla retentit à Mexico comme un coup de foudre. Déjà l’on croyait l’ennemi aux portes de la ville ; le