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RÉVOLUTION DU MEXIQUE.

beaucoup de précautions ; mais, averti à temps, il tira habilement parti de sa mauvaise position, se replia sur lui-même, prit un détour et tendit une embuscade à Rincon, dans laquelle il faillit l’envelopper ; un secret avis sauva ce dernier à son tour. Quelque favorable que fût la nouvelle tournure que prenaient ses affaires, le général n’était pas néanmoins sans inquiétude : du côté de la mer, Campêche le menaçait d’envoyer une expédition formidable au secours du gouvernement, et l’on désignait les environs de Tampico comme point de débarquement ; huit cents hommes de troupes ministérielles marchaient, disait-on, sur Tuzpan et Pueblo Viejo de Tampico, et il craignait que Tampico, point d’appui de sa seconde armée, en ce moment si belle et si forte, ne lui échappât par l’impéritie de Moctezuma. Mais partout où il se portait de sa personne, la fortune semblait le suivre, et quoique la rencontre de Rincon l’eût forcé pendant quelque temps, par une marche rétrograde, à se mettre sur la défensive dans le bas pays, à-la-fois malsain et fatigant pour ses soldats, il avait bientôt repris l’avantage, et les positions militaires qu’il occupait lui donnaient sur son ennemi une supériorité telle, qu’il espérait arriver promptement à une conclusion glorieuse.

Ce fut au milieu de ces circonstances que Calderon lui proposa un armistice dans le but de renouveler auprès du gouvernement des propositions d’accommodement ; il accepta, et le 13 juin les deux généraux signèrent une suspension d’armes dont les conditions avaient été arrêtées au camp de Coral Falso, à quatre lieues de Jalapa, entre le colonel don Juan Arago et le colonel Jose-Maria Vidal du côté de Santa-Anna, et le colonel don Félix Maximo et le premier adjudant don José Garcia pour Calderon. Cet acte déterminait la position des deux armées en observation, de manière à laisser libre et neutre Puente Nacional, où l’on établirait des conférences sous la médiation de S. E. le lieutenant-général Guadalupe Vittoria[1] et don Sébastien Camacho, gou-

  1. L’ex-président, si célèbre par son héroïque résistance à la tyrannie des Espagnols : il resta deux ans caché dans les forêts de l’état de la Vera-Cruz, sans rapport avec aucun être humain, se nourrissant d’herbes et de fruits sauvages. Son nom est en grande vénération dans le pays.